Gels douches, crèmes, maquillages... "60 Millions de consommateurs" alerte sur la toxicité des cosmétiques
Sur 160 produits étudiés par le magazine, une cinquantaine seulement sont jugés sains et sûrs. Les autres comportent des perturbateurs endocriniens ou des allergènes. La fédération des entreprises de la beauté dénonce une "méthodologie approximative et anxiogène".
Le magazine 60 Millions de consommateurs publie jeudi 10 décembre une enquête dans laquelle il évalue 160 produits cosmétiques au regard de leur impact sur la santé. Une cinquantaine seulement se révèlent satisfaisants. Tous les autres contiennent des substances potentiellement dangereuses.
La revue a détecté dix molécules soupçonnées d'être des perturbateurs endocriniens et donc susceptibles de favoriser une puberté précoce, de l'infertilité ou encore de l'obésité. Il s'agit notamment du propylbaraben, du méthylparaben ou encore du phénoxyéthanol, "pour lesquels des études de haut niveau de preuve" sont attendues, précise 60 millions de consommateurs.
Des rouges à lèvres qui transmettent de l'aluminium
Ces substances sont notamment présentes dans un lait pour le corps Dove original, dans un gel douche Tahiti Vanille, dans des sticks à lèvres Eucerine ou encore dans des produits de la marque Uriage. La consommation au quotidien de plusieurs cosmétiques de ce type risque de provoquer un effet cocktail redouté par les scientifiques. Le magazine conseille de scruter la liste des ingrédients, que le produit soit bio ou non. En particulier pour les rouges à lèvres qui peuvent contenir de l'aluminium pouvant être ingéré, la muqueuse à l'intérieur des lèvres étant plus perméable.
Dans les 160 produits étudiés, 60 millions de consommateurs relève aussi de nombreux allergènes. La crème pour les mains à l'allantoïne de Mixa en contient dix à elle seule, un record. Sur douze fonds de teint analysés, sept sont classés "rouge" par l'association. On y trouve notamment des substances suspectées de perturber le système hormonal (BHT, filtre UV) présentes dans les petits prix, chez des marques milieu de gamme (Bourjois) ou de luxe (Guerlain, Estée Lauder).
Ne pas se fier à la mention "hypoallergénique"
60 millions de consommateurs conseille de ne pas se fier "aveuglément" aux mentions "hypoallergéniques" ou "peaux sensibles", car "aucun protocole ne régit leur apposition et elles ne garantissent pas l'absence d'allergènes". La plupart des gels et crèmes de douche analysés sont classés "orange" et "rouge" "car ils contiennent beaucoup trop d'allergènes". C'est le cas aussi pour les dentifrices, les sticks à lèvres et les crèmes pour visage.
Les 50 produits jugés sains et sûrs par le magazine se situent dans toutes les gammes de prix, ce qui signifie qu'il est possible de produire des cosmétiques sûrs et accessibles. Le magazine de défense des consommateurs appelle donc les fabricants à faire davantage d'efforts sur la composition de leurs produits.
Les entreprises de la beauté contestent l'étude
La fédération des entreprises de la beauté (FEBEA), dit regretter dans un communiqué, ce jeudi, "la méthodologie approximative et anxiogène" du magazine. Selon la FEBEA "l’objectif ici n’est pas tant d’informer que d’inquiéter le consommateur avec des notations peu lisibles et très anxiogènes", d'autant qu'"à aucun moment l’efficacité d’un produit n’est prise en compte", affirme la fédération des entreprises de la beauté.
La FEBEA conteste le caractère "toxique" des ingrédients présentés par l'association et "rappelle que tous les produits cosmétiques vendus en France respectent la réglementation cosmétique européenne, qui est la plus stricte au monde", insiste-t-elle. Par conséquent, "l’ensemble des substances montrées du doigt par 60 millions de consommateurs sont donc autorisées par la réglementation et par les autorités sanitaires, qui les réévaluent régulièrement".
Les entreprises cosmétiques estiment être "dans la recherche permanente de l’amélioration de leurs formulations pour garantir à la fois l’efficacité et l’innocuité de leurs produits", et elles disent s'inscrire "dans une démarche de transparence pour permettre à leurs consommateurs de choisir leurs produits en connaissance de cause".
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