Conférence sur la biodiversité : les Amérindiens de Guyane veulent sauver la nature... et leur culture
La conférence internationale sur la diversité biologique débute dimanche à Cancún (Mexique). Les peuples amérindiens de Guyane française tentent de faire entendre leur voix.
Après la conférence de Marrakech sur le climat (COP22), qui s'est terminée le 18 novembre, débute dimanche 4 décembre à Cancún (Mexique) la 13e conférence internationale sur la diversité biologique. Elle regroupe 5 000 négociateurs du monde entier pendant dix jours. Son but : mieux préserver la nature... mais aussi les hommes qui la protègent.
Pollution et vol de savoir traditionnel
L'enjeu se fait ressentir tout particulièrement en Guyane française. Déforestation, biopiraterie... Les peuples de la forêt amazonienne assistent chaque jour à ces pratiques destructrices. Autre problème de taille : l'orpaillage illégal. À grand coup de mercure, les truands recherchent de l'or dans les rivières, les polluent et empoisonnent les populations.
"Comme solution, le gouvernement nous a conseillés de plutôt boire l'eau des puits ou l'eau en bouteille. Et de manger du poulet à la place du poisson des rivières", s'indigne Jean-Philippe Chambrier, le président de la Fédération des organisations autochtones de Guyane (FOAG). Avec une dizaine de représentants de peuples amérindiens, il s'est rendu à Paris mercredi 30 novembre, quelques jours avant le début de la COP de la biodiversité, pour un colloque au Palais du Luxembourg.
Le malaise des jeunes Amérindiens
Les truands ne sont pas les seuls à piller et polluer la Guyane française. Alexandre Sommer, le secrétaire général de l'Organisation des nations autochtones (ONAG), pointe du doigt l'attitude de certains scientifiques. "Deux chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement ont par exemple déposé un brevet sur la molécule d'une plante, dont on connaît les vertus antipaludiques, raconte-t-il. C'est du vol de savoir traditionnel."
Dans une nature qui se dégrade, pris entre des cultures ancestrales proches de la forêt et l'envie d'une vie moderne, le malaise des jeunes Amérindiens de Guyane est grand. Le taux de suicide de cette population, très isolée, s'avère particulièrement élevé, faisant même l'objet d'un rapport de deux sénatrices fin novembre 2015. La situation préoccupe également Nicolas Hulot, venu entendre les doléances de leurs représentants à Paris : "Si on ne s'associe par à leur cause, nous réduisons nos chances de succès vis-à-vis de l'avenir. L'homme ne peut pas se dissocier, se désolidariser de la nature. Ils l'ont compris."
Nous avons intérêt à nous inspirer de leur philosophie et de leurs connaissances
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