Compteurs "intelligents" : aucune preuve d'un quelconque risque sanitaire
Les compteurs dits "intelligents" permettent de relever à distance et en direct la consommation d'électricité, de gaz ou d'eau d'un abonné (Linky® pour l'électricité et Gazpar® pour le gaz). Divers arguments ont été avancés contre leur déploiement : surcoût, intrusion dans la vie privée des usagers, utilisation des données personnelles, conséquences sur l’emploi (diminution des effectifs des personnes chargées de réaliser les relevés)… et, enfin, de possibles "risques sanitaires".
Pour ceux qui brandissent ce dernier argument, les compteurs produiraient des ondes électromagnétiques "à des niveaux dangereux" ou "à des fréquences dangereuses". Aucune preuve concluante de l’existence d’un tel risque sanitaire n’a, pour l’heure, encore été apportée par les détracteurs des compteurs.
L'Anses avait été chargée par la Direction générale de la santé de conduire une expertise sur les effets sanitaires potentiels de l'exposition aux champs électromagnétiques émis par les différents compteurs.
Des émissions comparables à celle… de votre télé
Selon elle, que ce soit en champ électrique ou magnétique, les compteurs Linky "sont à l'origine d'une exposition comparable à celle d'autres équipements électriques" comme une télévision, un chargeur d'ordinateur portable, une table de cuisson à induction [1].
Les niveaux d'exposition au champ électromagnétique produit par le compteur lui-même et par la communication des informations sur la consommation, de façon filaire via le réseau de distribution d'électricité, "sont très inférieurs aux valeurs limites d'exposition réglementaires", souligne l'Anses dans un communiqué.
Les compteurs Linky® produisent aussi ponctuellement sur le réseau domestique des courants transitoires à haute fréquence. Or, rappelle l’Anses, "il n'existe aucune donnée" suggérant qu'ils puissent affecter la santé aux niveaux d'exposition mesurés, indique l'Anses.
Une faible puissance d'émission
Quant à l'exposition à proximité d'un compteur de gaz ou d'eau, qui communiquent les données par liaison radio sans fil, elle est "très faible", "bien plus faible que celle due à un téléphone mobile GSM", selon l'agence. Un fait qui s'explique par "la faible puissance d'émission" et par le "nombre réduit de communications" d'informations [2].
L’Anses observe toutefois que les études disponibles concernent les risques de l’exposition à divers types ondes électromagnétiques, mais que le nombre de travaux portant de façon exclusive et spécifique sur les compteurs communicants est extrêmement limité. Au vu des données scientifiques disponibles, l’Anses explique que ses conclusions "vont dans le sens d'une très faible probabilité que l'exposition aux champs électromagnétiques émis […] puisse engendrer des effets sanitaires à court ou long terme", "dans la configuration de déploiement actuelle". L'Anses engage "les opérateurs impliqués dans le déploiement de ces nouvelles technologies à fournir une meilleure information du public quant à leurs modalités de fonctionnement actuel et futur".
Réagissant à ces conclusions, l'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi a demandé dans un communiqué qu'"une étude contradictoire et avec des laboratoires indépendants soit menée pour affiner les premiers résultats obtenus par l'Anses".
Avec AFP
[1] Fin septembre, des mesures réalisées par l'Agence nationale des fréquences (ANFR) avaient indiqué que les compteurs Linky® n'émettaient pas de champ électromagnétique plus élevé que les anciens compteurs.
[2] La "télé-relève" des compteurs Linky® est effectuée en principe une fois par jour, en moins d'une minute. Les compteurs Gazpar® et les compteurs d'eau transmettent les informations de consommation deux à six fois par jour, en moins d'une seconde.
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