Bientôt une note environnementale sur nos vêtements, petite révolution dans un secteur "extrêmement nocif pour l'environnement"
Le ministère de la Transition écologique et les industriels de la mode lancent mardi une concertation pour mettre en place un affichage environnemental pour les vêtements.
Une petite révolution dans le monde du textile. La secrétaire d’État à la Transition écologique Brune Poirson réunit mardi 11 février une cinquantaines de marques textiles pour travailler ensemble sur la mise en place d’un indicateur qui sera placé sur les vêtements pour informer le consommateur sur leur impact environnemental.
Des vêtements notés de A à E
Si tout le monde joue le jeu, ce qui va se passer d’ici 18 mois, c’est que vous allez voir apparaître sur les tee-shirts ou les pantalons une étiquette colorée avec une échelle qui va de la lettre A à la lettre E pour indiquer le niveau de performance environnemental. Pour cela, neuf indicateurs seront pris en compte, parmi lesquels les rejets de gaz à effet de serre pour la confection, l'impact sur l’eau, ou encore la pression sur les ressources énergétiques ou minérales.
"On dit souvent que c'est la deuxième industrie la plus polluante au monde, et c'est vrai que la mode est parmi l'un des plus gros pollueurs puisqu'on utilise beaucoup d'eau, on émet beaucoup de gaz à effet de serre", a expliqué sur franceinfo Thomas Ebélé, co-fondateur de SloWeAre, une plateforme d'information sur la mode éco-responsable et label de confiance pour le consommateur.
Ce qui fait une marque soucieuse de l'environnement, ce sont les matières utilisées mais aussi la confection ou non du produit de façon locale.
Quand on va avoir l'ensemble de la filière à proximité, que ce soit de la récolte à la filature, au tissage, on émet moins de CO2 que quand on fait des allers-retours entre différents pays.
Thomas Ebéléà franceinfo
Autrement dit, on est dans une question de modèle économique : plus on consomme local et moins on surconsomme, mieux on se porte. L'un des aspects majeurs dans l'éco-responsabilité, "c'est l'aspect local", affirme Thomas Ebélé.
Du grand groupe de luxe au grand distributeur
Une cinquantaine de marques de l'habillement ont manifesté leur intérêt, du grand groupe de luxe au grand distributeur. L’expérimentation découle de la loi économie circulaire, et n’est pas obligatoire.
Le secteur de la mode est responsable d’un cinquième de la pollution des eaux de la planète. "C'est vrai, on est sur un secteur extrêmement nocif pour l'environnement, et le volet social aussi est important, et pas seulement le côté environnemental", affirme le co-fondateur de SloWeAre. Un amendement avait prévu un volet social, sur les conditions de travail et les salaires des confectionneurs. Il ne sera pas pris en compte pour l’instant faute d’indicateur adaptés dit-on au ministère.
"Aujourd'hui, la seule mention qui est obligatoire sur le vêtement, il faut le savoir, c'est l'étiquette de composition. Il y a de plus en plus de marques aujourd'hui qui jouent un peu le jeu de la transparence en indiquant aussi le lieu de production, le pays de production, mais ce n'est pas nécessairement nécessaire et suffisant pour avoir une conformité et un respect des droits humains", rappelle le co-fondateur de SloWeAre.
Consommer local, est-ce possible ?
Mais est-il possible aujourd'hui de consommer local en termes de vêtements ? Thomas Ebélé rappelle que la filière française du lin est en train de se reconstituer. "On est le premier producteur au monde de lin et il faut savoir que 80% de la production part à l'étranger, et puis, il nous revient", explique-t-il, ajoutant que les usines de filature qui permettent de faire du fil de lin n'existent plus en France. Les textiles sont donc confectionnés en Italie ou en Pologne avant de revenir chez nous. "Il y aurait aussi la possibilité de faire beaucoup mieux à ce niveau là. Il y a des initiatives qui se montent autour de la laine, je pense à Laines Paysannes, je pense au beau projet Tricolor aussi, qui sont portés par des industriels français", affirme-t-il.
Selon l'Ademe, 624 000 tonnes de textiles, soit 2,6 milliards de pièces de vêtements, linge de maison, chaussures, sont mis sur le marché chaque année en France, soit environ 9,5 kg par habitant.
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