Un enfant sur deux regarde la télévision avant 18 mois selon l'Inserm
Un enfant sur deux commence à regarder la télévision avant 18 mois, selon des données issues du suivi de plus de 18.000 enfants nés en France en 2011 (cohorte Elfe), présentées ce 11 septembre par l’Inserm.
En 2013, les deux tiers des enfants (alors âgés de 2 ans) regardaient la télé "tous les jours" – même si la durée d’exposition aux écrans peut être très variable. Selon un épidémiologiste interrogé par France Info, seuls 8% passaient plus de deux heures quotidiennes devant la télévision, tandis que la moitié y passerait moins de 30 minutes.
L’Inserm note qu’il existe des déterminants sociologiques à l’exposition aux écrans. Les tout-petits étaient quotidiennement devant la télévision dans seulement la moitié des foyers "de niveau bac +2 ou plus", et dans quatre foyers sur cinq "de niveau d’études inférieur au bac". De 20 à 30% des enfants âgés de 2 ans entraient en interaction avec une tablette "chaque semaine".
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Bébé a d’autres choses à faire avec ses yeux !
Mi-2017, un collectif de professionnels de la santé et de la petite enfance avai publié une tribune dans le journal Le Monde pour alerter l’opinion publique "des graves effets d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans" – liés "à la captation de l’attention" d’une part, et du "temps volé aux activités d’exploration". Selon eux, des retards de langage et de développement apparaissent de plus en plus fréquemment chez des enfants qui ne présentent pourtant aucune déficience neurologique.
Il y a dix ans, le gendarme français de l'audiovisuel, le CSA, a décidé d'interdire les programmes télé destinés aux moins de trois ans, lorsque des chaînes anglo-saxonnes dédiées aux bébés ont cherché à s'installer en France. "Nous avons réuni des professionnels de santé qui ont tous dit que ça n'avait pas de sens : de zéro à trois ans, un bébé doit interagir avec le monde qui l'entoure, ses jouets, ses parents et ses frères ou soeurs, et pas être passif", relatait en 2017 à l'AFP Carole Bienaimé-Besse, membre du collège du CSA, pour qui il s'agit d'"un problème de santé publique".
- Pour en savoir plus : L'enfant face aux écrans : encadrer plutôt qu'interdire
Depuis, le CSA diffuse régulièrement des campagnes pour rappeler aux parents ce conseil, qui vaut aussi pour les ordinateurs, tablettes et smartphones, dont nombre d'enfants sont familiers dès le plus jeune âge, notamment via les nombreuses chaînes Youtube qui proposent des dessins animés accessibles 24h/24.
Interdire les écrans, "personnellement, je pense que c'est très bien", jugeait fin 2017 Christophe Erbes, consultant en médias fort d'une longue expérience en Europe dans la télé et les programmes jeunesse, et également auteur de livres pour enfants. Mais les producteurs de contenus n’ont pas grand chose à faire des recommandations sanitaires. "Toute une partie du business [audiovisuel] est orientée vers les enfants de 0 à 3 ans, notamment une chaîne israélienne (BabyTV, rachetée par le groupe américain Fox et distribuée aujourd'hui dans une centaine de pays, NDLR), des applications...", poursuivait Christophe Erbes.
la rédaction d'Allodocteurs.fr, avec AFP
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