Ebola : Liberia et Sierra Leone mobilisés, l'Europe en vigilance
Faut-il avoir peur d'Ebola ? Les autorités sanitaires sont très pessimistes pour l'Afrique de l'Ouest, où l'épidémie est "hors de contrôle", selon l'expression de Médecins sans frontières. 729 personnes en sont mortes - sur plus de 1.300 cas - au Liberia, en Guinée, en Sierra Leone et au Nigeria, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé. Cette dernière a annoncé le lancement d'un plan de lutte contre l'épidémie, d'un montant de 75 millions d'euros.
La Sierra Leone a déclaré ce jeudi l'état d'urgence sanitaire dans le pays. Dans un communiqué, le président Ernest Bai Koroma annonce mobiliser les forces de sécurité pour isoler les foyers d'infection. Les foyers d'Ebola sont placés en quarantaine, les forces de sécurité escortent les travailleurs sanitaires, et mènent des perquisitions pour repérer des nouveaux malades. Le président a annulé son déplacement au sommet Etats-Unis/Afrique, prévu à Washington la semaine prochaine, et interdit à ses ministres de quitter le pays. Au Liberia voisin, le gouvernement a décrété la fermeture de toutes les écoles, et envisage de placer en quarantaine les communautés les plus touchées. Les fonctionnaires, dont l'activité n'est pas essentielle, sont priés de rester en congé pour 30 jours. Depuis dimanche, les frontières sont presque toutes fermées. "Nous sommes confrontés à une situation d'urgence sanitaire majeure. L'épidémie est virulente, meurtrière, nombre de nos compatriotes meurent et nous devons agir pour interrompre sa propagation" , dit le ministre de l'Information, Lewis Brown.
Ces mesures suffiront-elles ? Pas sûr... "Plus que jamais, nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. Nous avons absolument besoin de toute l'aide que nous pourrons obtenir", ajoute Lewis Brown. Une réunion d'urgence est prévue demain vendredi à Conakry, en compagnie des présidents de l'Union du fleuve Mano - Guinée, Liberia, Sierra Leone, Côte d'Ivoire. Un sommet réunissant le Liberia et la Sierra Leone sera également organisé la semaine prochaine à Washington.
Risque de propagation ?
Ebola pourrait-il se propager hors d'Afrique ? Pas franchement, à en croire le professeur belge Peter Piot, co-découvreur du virus en 1976. "Je ne serais pas inquiet d'être assis dans le métro à côté d'une personne porteuse du virus Ebola tant qu'elle ne vous vomit pas dessus ou quelque chose de ce genre" , dit-il à l'Agence France Presse. "Je ne suis pas tellement inquiet à l''idée de voir le virus se diffuser ici au sein de la population" .
Et le scientifique de rappeler que les pays africains touchés sortent de décennies de guerre civile : "Le Libéria et la Sierra Léone tentent maintenant de se reconstruire donc il y a un manque total de confiance envers les autorités et, combiné à la pauvreté et aux services de santé médiocres, cela donne, je pense, la cause de cette grande épidémie à laquelle nous assistons".
Toujours est-il que jeudi soir, la France et les États-Unis ont déconseillé à leurs ressortissants de voyager dans les pays touchés par l'épidémie. "Sauf raison impérative " précise le Quai d'Orsay.
"Vigilance" en France
"A l'heure actuelle, le risque d'importation du virus en Europe et en France est faible. Aucun cas importé n'a d'ailleurs été signalé à ce jour" , estime Marisol Touraine, la ministre de la Santé.
"Pour autant, une extrême vigilance s'impose face à cette maladie à la fois très grave et très contagieuse." Et, histoire de rassurer définitivement les troupes, la ministre ajoute : si le virus arrivait, la France aurait "les moyens de faire face" .
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