La Cour des comptes juge l'État laxiste à l'égard des dangers de l'alcool
Sur le site du ministère de la Santé , on peut lire aujourd’hui "[qu’]au-delà d’une certaine consommation (2 verres par jour pour les femmes et 3 verres par jour pour les hommes), l’alcool est un facteur de risque majeur pour certains cancers (bouche, gorge, œsophage, colon-rectum, sein chez la femme) […] et certaines maladies chroniques." Ces seuils, au cœur de la communication de prévention en France, reflètent-ils l’état des connaissances scientifiques sur les dangers de l’alcool ? A vrai dire, non.
Depuis des années, les études scientifiques confirment que les risques sanitaires de l’alcool sont détectables à des niveaux de consommation bien inférieurs - dès un verre par jour. A titre d’exemple, on peut noter que dès 2011, des chercheurs montraient que consommer entre trois à six verres de vin par semaine augmentait de 15% le risque de développer un cancer du sein chez les femmes. La liste des preuves scientifiques de cet ordre s’accumule depuis le début de la décennie. De fait, les autorités de santé britanniques ont révisé en décembre 2015 leurs recommandations officielles sur la consommation d’alcool (la limite au-delà de laquelle le risque pour la santé est jugé "important" est passé de à 21 unités d'alcool par semaine pour les hommes à 14 unités).
En France, Santé publique France (ex-Inpes) affirme "[qu’un] travail de révision des recommandations en matière de consommation d’alcool est en cours, au vu des nouvelles avancées scientifiques dans ce domaine".
En attendant, la consommation d’alcool reste la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac, avec 49.000 annuels recensés, engendrant des coûts très importants pour la société.
Selon Europe 1, un rapport de la Cour des comptes à paraître ce 15 juin s’interrogerait sur la stratégie de l’État français à l’égard de l’alcool. En appelant simplement à la "modération", la communication officielle passerait sous silence l’état des connaissances scientifiques et sanitaires. Le rapport s’étonne également du "faible investissement de l'État dans la recherche médicale sur les effets de l'alcool". De leurs côtés, les Etats-Unis y consacreraient "dix fois plus de moyens" (en pourcentage).
La Cour des comptes s’interrogerait également sur le fait que, sur la route, les contrôles sur la consommation d’alcool sont bien plus rares que ceux portant sur la vitesse. Certes, ces contrôles sont plus coûteux et complexes à mettre en place ; néanmoins, l'alcool reste l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes françaises.
Le rapport accuserait l’État de ne pas faire "d’efforts suffisants pour changer la donne", du fait de l’enjeu économique au pays des 755.000 hectares de vignobles. Pourtant, le document alerterait sur "un risque juridique lié à la passivité de l'Etat à dénoncer les dangers de l'alcool".
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