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Inquiétudes après la nomination d'une ex-lobbyiste du vin au gouvernement

La nomination de l’ex-déléguée de Vin et Société au poste de conseillère en agriculture auprès d’Emmanuel Macron inquiète des addictologues. Ils demandent au président de la République d’appliquer sa politique de moralisation de la vie publique à ses conseillers.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Onze associations d'addictologues et six experts en santé publique se sont déclarés inquiets, samedi 27 mai, de la nomination d'Audrey Bourolleau, ex-déléguée générale de Vin et Société, une instance de lobbying du vin, au poste de conseillère agriculture d'Emmanuel Macron.

Une représentante de la filière alcool, selon les addictologues

"La nomination d'une représentante de la filière alcool ne manque pas d'inquiéter sur les conflits d'intérêts qui pourraient survenir au détriment de la santé publique", écrivent-ils dans un communiqué publié sur Internet.

"Pour les acteurs de la santé publique, le risque est que la politique agricole et viticole se fasse au détriment d'une politique efficace de lutte contre les consommations nocives d'alcool", poursuivent-ils.

Rappelant la volonté affichée par Emmanuel Macron de moraliser la vie publique, ces associations et experts invitent le président de la République "à appliquer cette politique dans le choix de ses conseillers".

Les signataires regroupent notamment la Fédération française d'addictologie, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et le Collège professionnel des acteurs de l'addictologie hospitalière, ainsi que les experts Gérard Dubois, Irène Frachon, Claude Got, Serge Hercberg, Catherine Hill et Albert Hirsch.

Un membre de la société civile, selon l'Elysée

A l'Elysée, interrogé par l'AFP, on observe cependant qu'Audrey Bourolleau "rejoint le cabinet d'Emmanuel Macron en tant que conseillère en charge des questions d'agriculture et de développement durable, et non pas de santé".

"Ce choix correspond à la volonté d'Emmanuel Macron de faire participer des membres de la société civile à l'action de l'exécutif", fait-on également valoir, précisant qu'elle a été "choisie en raison de ses compétences et de sa connaissance des filières agricoles".

L'Elysée souligne aussi que "l'emploi qu'elle avait exercé avait vocation à défendre une filière, et non des entreprises privées", et qu'elle "s'est soumise évidemment à toutes les obligations dévolues aux conseillers en matière de déclaration de patrimoine et d'intérêts".

Depuis sa nomination, Audrey Bourolleau a démissionné de ses fonctions de déléguée générale de l'association Vin et Société, fonction qu'elle occupait depuis 2012.

L'alcool, deuxième cause de mortalité évitable en France

Les associations et experts rappellent pour leur part que les coûts, pour la société, de la consommation excessive d'alcool, "deuxième cause de mortalité évitable après le tabac", sont "considérables".

"La taxation sur les alcools, qui rapporte environ 3,2 milliards d'euros par an, ne représente que 37% du coût des soins (7,7 milliards)", indiquent-ils notamment.

Ils soulignent également qu'en 2016 la Cour des comptes avait relevé que la filière vin entretenait "la confusion en finançant ses propres études pour attester de la non-dangerosité de l'alcool consommé « avec modération »".

Ils critiquent aussi la présence au Parlement de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev) et des groupes Viticulture, vigne et vin et Filière brassicole.

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