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"Il est très compliqué d’arrêter pour certains patients" : l'Anses dévoile une étude inquiétante sur le "proto", le gaz hilarant très prisé des jeunes

C’est l’histoire d’un gaz hilarant qui n’est pas drôle. Le protoxyde d’azote, ou "proto'', se révèle plus dangereux qu’il n’y paraît, selon une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Article rédigé par Sophie Auvigne, Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le protoxyde d'azote est destiné à faire de la chantilly mais son usage est détourné pour être inhalé comme gaz hilarant. (photo d'illustration) (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Elles sont partout sur les réseaux sociaux : des vidéos de jeunes aspirant plusieurs fois du protoxyde d'azote dans un ballon de baudruche. À l’origine, le protoxyde d’azote est un gaz conditionné en petites cartouches pour faire de la chantilly. Appelé le "proto", il est détourné de son usage et inhalé pour son effet euphorisant. Le phénomène se répand chez les 20-25 ans.

"Ça m'a laissée un peu dans le brouillard"

Du côté du bois de Vincennes, à l'est de Paris, des jeunes ont pris l'habitude de se retrouver pour faire la fête et y consomme régulièrement du protoxyde d'azote. "On en trouve souvent près des poubelles, de plus en plus", remarque Victor, un étudiant de 25 ans. Il avoue en avoir "beaucoup pris lorsque j'étais à la fac, dans les soirées, les week-ends d'intégration, c'était un peu la mode."

Assis dans l'herbe avec lui, ses trois autres amis ont déjà testé. "On a très chaud d'un coup, décrit Laura. Moi j'ai rougi très vite, vraiment, et après j'ai ri, mais pas tant que ça. Ça m'a laissée un peu dans le brouillard, mais trois secondes après c'était fini."

Sur le moment, ce n'est pas quelque chose qui m'a forcément inquiété, parce que ça ne durait pas longtemps, comme effet.

Nathan

à franceinfo

Mais le "proto" est consommé par de très jeunes adolescents, et peuvent avoir des risques. "Au début, je ne comprenais, j'étais un peu sonné", raconte ce jeune skateur de 14 ans. J'entendais des petits ultra-sons. Je n'ai pas rigolé, parce que ça ne m'a pas mis bien, j'étais fatigué."

Un gaz addictif

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a donc déclenché une étude à partir des chiffres des centres antipoison. "Les premiers symptômes qui apparaissent ce sont des maux de têtes, des étourdissements, des vertiges, des pertes d’équilibre, énumère la toxicologue Cécilia Solal. On peut les observer même chez des personnes qui expérimentent le protoxyde d’azote pour la première fois."

"Sur les profils d'utilisateurs plus réguliers de consommateurs de protoxyde d’azote, 70% ont développé des symptômes neurologiques, poursuit la toxicologue. On peut voir que les patients, même après l’arrêt de la consommation de ‘proto’, continuent à avoir ces atteintes." Et l’enquête l’Anses démontre que le protoxyde d’azote n’est pas seulement amusant, il est aussi addictif. "Il y a des personnes qui présentent de vrais syndromes de manque", prévient Cécilia Solal.

Il y a, par moment, des personnes qui consomment plusieurs centaines de cartouches par jour. Donc on n’est plus du tout dans un contexte festif et il est très compliqué d’arrêter pour certains patients.

Cécilia Solal, toxicologue

à franceinfo

Cannes, Mulhouse, Arras ou encore Evreux, plusieurs villes ont interdit la vente aux mineurs. Une proposition de loi va dans le même sens et a été adoptée au Sénat. Elle attend toujours son passage devant l’Assemblée nationale.

Le "proto", le gaz hilarant qui n’est pas drôle - Sophie Auvigne

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