Fédération Addiction : "Le ministre a tort quand il dit que le vin n'est pas un alcool comme les autres"
- Selon vous, le ministre de l'Agriculture a-t-il raison quand il dit que le vin n'est pas un alcool comme les autres ?
Jean-Pierre Couteron, Fédération Addiction : "Il a tort car le vin contient de l'éthanol et donc il contient de l'alcool comme les autres boissons alcoolisées".
- On a longtemps recommandé un ou deux verres de vin par jour. Que penser de l'idée selon laquelle le vin, consommé avec modération, serait même bénéfique pour la santé ?
Jean-Pierre Couteron : "Cela commence avec Pasteur qui dit que le vin est une boisson hygiénique mais à l'époque, il le compare à l'eau qui n'est pas toujours potable. Il est temps d'oublier ce discours. Il faut aussi oublier ce qui a été dit ces dernieres années sur les molécules contenues dans le vin qui pourraient avoir un effet bénéfique. Maintenant on sait que la molécule éthanol a des effets très nocifs sur la santé et donc c'est un piège de dire "consommez avec modération". Il faudrait dire "modérez votre consommation", ce serait beaucoup plus pertinent."
- Les jeunes consomment beaucoup d'alcool fort mais aussi des boissons sucrées à base de vin comme le rosé pamplemousse. Cette consommation est-elle dangereuse?
Jean-Pierre Couteron : "Il ne faut pas désigner un sous-public, par exemple, dire que l'alcool détruirait les jeunes, mais tout en oubliant tous les autres. L'alcool, hélas, n'est pas dangereux que pour les jeunes. Il est dangereux pour tout le monde, les femmes, les hommes, de tous les âges. Et effectivement pour les jeunes, on a trouvé une petite stratégie. Comme le goût de l'alcool en tant que tel n'est pas génial, alors on prend des alcools pas chers, on les mélange avec des sirops de pamplemousse, de cerise, on le sert très glacé et voilà ça devient le grand produit d'entrée pour consommer de l'alcool. C'est facile, pas cher, ça a un bon goût sucré."
- Il y a quelques mois, Agnès Buzyn rappelait, comme vous, les dangers du vin. Aujourd'hui, un autre ministre dit l'inverse. N'est-ce pas inquiétant en terme de santé publique ?
Jean-Pierre Couteron : "Ce qui est inquiétant, c’est qu’au bout de deux ans, on en soit encore sur des positions divergentes. On voit qu'il n'y a pas de politique commune, pensée ensemble, avec des arbitrages minimum pour savoir dans quelle position on avance. Un pas d'un côté, un pas de l'autre, on n'avance pas. Le message est compliqué pour les jeunes et même contradictoire."
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