Est-on plus vite ivre quand on boit de l'alcool en avion ?
La dernière fois que vous avez du prendre un vol long courrier, vous vous sentiez, comme d'habitude, un peu tendu. Vous vous êtes donc empressé de réclamer un peu de vin à l'hôtesse. C'est fou comme ça a bien marché ! Vous vous êtes vite senti très détendu. Même un peu trop. Vous pensiez vraiment mieux "tenir" l'alcool... En fait, ce n'était pas vous, c'était l'avion.
Moins de pression en avion
"A Terre ou en altitude, l'air contient toujours le même taux d'oxygène : 21%. Mais plus on monte, plus la pression atmosphérique et donc la pression en oxygène que nous inspirons diminuent : c'est l'hypoxie d'altitude", explique le Pr Henri Marotte, enseignant en médecine aéronautique à l’université Paris Descartes. Quand nous voyageons en avion, l'intérieur de l'appareil est pressurisé, sans quoi, nous ne pourrions plus respirer. La pression n'est néanmoins pas la même qu'à terre : dans la cabine, elle est équivalente à celle subie à une altitude de 2.400 mètres.
"L'hypoxie en avion a un effet sur notre cerveau", continue le spécialiste. Avec moins d'oxygène à sa disposition, il est moins « au top » que sur le plancher des vaches. Les neurones fonctionnent moins bien et l’'nflux nerveux ne circule pas aussi efficacement."
Manque d'oxygène et alcool : effets décuplés
L'alcool a lui aussi des effets sur notre système nerveux central. C'est d'ailleurs pour ses effets anxiolytiques qu'il est facilement consommé en avion. "En vol, les effets neurologiques de l'alcool et de l'hypoxie se potentialisent", explique le Pr Henri Marotte. "Résultat, nous ressentons une impression d’ivresse accentuée, à dose égale d'alcool consommée, par rapport à la terre ferme." Rire bêtement en avion après un modeste petit verre de vin, c’est donc tout à faire normal.
Quand il travaillait, il y a une trentaine d’années, au Laboratoire de médecine aérospatiale du Centre d'Essais en Vol, le Pr Mariotte a expérimenté sur lui-même les effets combinés de l'alcool et d'un fort abaissement de pression. Il s'en souvient encore : "J’ai bu une unité de whisky dans un caisson d’altitude qui simulait 5.000 mètres. J’ai tout de suite fait n’importe quoi et raconté toutes sortes de bêtises", s’amuse-t-il.
Une coupette dans les airs, l'assurance de "planer" plus vite
Si au passage du steward vous lui réclamez une coupe de champagne ou un whisky-coca, attendez vous à un effet encore plus marqué. La faute aux bulles. "Dans les boissons pétillantes, il y a du gaz carbonique. Ce gaz a une caractéristique : il dilate les vaisseaux, entre autres ceux du système digestif. L'alcool, au niveau de l’intestin, est absorbé plus rapidement. Le taux d’alcoolémie atteint plus vite son pic maximal."
Vous voilà prévenu. Tenez-vous. On connaît des « people » qui regrettent encore d’avoir forcé sur la bouteille en vol.
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