: Vidéo Comment la cocaïne voyage depuis la Colombie dans des conteneurs à destination du Havre
Sur le port du Havre, les saisies spectaculaires de cocaïne se succèdent. Comment font les trafiquants pour faire voyager la drogue dans des conteneurs de marchandises scellés ? Dans cet extrait d'un document exceptionnel de "Complément d'enquête" à voir le 25 octobre 2018, vous saurez tout de la technique du "rip-off".
"Il y a de la demande en France, une forte demande. Du coup, Le Havre, c'est devenu une porte d'entrée", témoigne un trafiquant français de cocaïne dans cet extrait d'un document de "Complément d'enquête" à voir le 25 octobre 2018.
Cette drogue provient d'Amérique du Sud et transite incognito dans des conteneurs de marchandises. Ces conteneurs sont protégés par des scellés, mais les trafiquants savent les falsifier. Leur technique : ouvrir le conteneur avant le départ du bateau pour y glisser de la cocaïne à l'insu de l'expéditeur, puis remettre un scellé. A l'arrivée au Havre, des complices (le plus souvent des dockers) récupèrent la marchandise : c'est le "rip-off". Une technique qui permet de "contaminer" un maximum de conteneurs dès leur chargement en Amérique du Sud.
Dans les ports du Havre et de Carthagène (Colombie)
En Colombie, d'où vient la plus grande partie de la cocaïne, le port de Carthagène prend en charge 2 millions de conteneurs par an. Les trafiquants n'ont aucun mal à recruter de petites mains dans les banlieues pauvres de la ville. Ainsi Gabriel, skipper sur le port, prête main-forte aux convoyeurs de cocaïne quand il a besoin d'argent. Sa mission ? Se procurer un scellé, indispensable au rip-off. Celui-ci doit porter le même numéro que celui du conteneur. Ces scellés authentiques sont fournis grâce à des complicités dans l'entreprise de fret, contre 300 dollars. "C'est une chaîne, tout est lié", explique Gabriel.
Ensuite, les trafiquants ciblent les cargaisons où cacher la drogue sur l'un de ces parkings à conteneurs sur le port. Y entrer ne recèle pas de grande difficulté, d'autant que les cartels sont prêts à payer 2 000 euros (quatre fois le salaire colombien moyen) pour acheter la complicité des gardiens.
Les images d'un "rip-off" filmé par les trafiquants
Dans cet extrait de "Complément d'enquête", voici les images d'un "rip-off", filmé par les trafiquants eux-mêmes. En plein jour, ils remplacent des cartons d'ustensiles de cuisine par des sacs de cocaïne. En moins d'une heure, le conteneur est chargé, refermé, les nouveaux scellés posés. Impossible de voir que la cargaison a été "contaminée".
D'après les explications de Mickaël, un trafiquant français qui a communiqué avec les journalistes par messagerie cryptée, cette vidéo est un outil de travail "pour prouver que le boulot a bien été fait" et "vérifier le numéro du conteneur, les informations à donner au docker". Mickaël, lui, met en relation les vendeurs de cocaïne sud-américains et les acheteurs français. Une activité stressante, confie-t-il, à cause des escales qui peuvent jalonner le trajet du conteneur et le ralentir. "Je stresse qu'on me découpe si la marchandise n'arrive pas à bon port. Les gens dans ce milieu, ils rigolent pas..."
Extrait de "Le Havre, coke en stock", un "Document de Complément" à voir le 25 octobre 2018.
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