Lutte contre le tabac : pourquoi pas la réalité virtuelle ?
"Je vous propose d’aller dans le bar… et d'aller au comptoir pour être servie". Situation peu banale : une psychologue incite sa patiente à entrer dans un bar. Mais le bar est virtuel... Un endroit en trois dimensions, dans lequel Françoise, la patiente, pénètre par le biais d'un casque habituellement réservé aux jeux électroniques. La séance s'inscrit dans le contexte d'une thérapie originale pour lutter contre l'envie d'allumer une cigarette. Dans ce bar virtuel, on sert non seulement des boissons, mais aussi des paquets de cigarettes. A la patiente, donc, de renoncer aux cigarettes dans cette réalité en 3D.
"On part du principe que tout comportement est un apprentissage, et que fumer est aussi un apprentissage", explique Camille Giovancarli, psychologue à l'hôpital de la Conception de Marseille. "On va donc apprendre aux patients à se reconditionner, à se retrouver confrontés à des événements de tous les jours, mais sans réaliser le comportement tabagique".
C'est le principe d'une thérapie dite comportementale, très pratique, associée à la réalité virtuelle. Une nouvelle technologie que Françoise, une patiente, pensait réservée aux plus jeunes : "Les situations que l'on voit dans le casque correspondent à ce qu'on peut croiser tous les jours. On peut fumer parce qu'on va à une fête, qu'on est avec ses collègues… Tout ça est très crédible". "L'idée est que les patients puissent appliquer des stratégies dans le virtuel pour ne pas fumer", poursuit Camille Giovancarli. "Le thérapeute, lui, est là pour les aiguiller et les aider à appliquer ces stratégies".
Etude en cours
Une méthode efficace pour Françoise qui n'a pas fumé depuis deux mois. C'est aujourd'hui sa huitième et dernière séance. Elle reviendra dans 3, 6 et 12 mois pour faire le point. Car Françoise participe à une étude qui évalue l'apport de la réalité virtuelle dans le sevrage tabagique. "Le retour des patients est très important parce qu’on est encore au stade expérimental", détaille Eric Malbos, du service de psychiatrie de l’hôpital de la Conception. "Quand on aura suffisamment de retours, on créera des environnements virtuels pour le grand public. Les personnes pourront utiliser le matériel et le logiciel à domicile, pour s’entraîner chez eux".
Car le prix de ces casques qui coûtaient plusieurs milliers d'euros s'apprête à chuter aux alentours de 400 euros. Nathalie n'en aura pas besoin : c'était une des premières à participer à l'étude il y a déjà un an. Elle a réussi à décrypter son rapport à la cigarette pour en sortir. "C’est un élément convivial : on va parler avec les copines dehors et fumer une cigarette, se donner de la contenance. J’ai pris conscience que je fumais pour faire comme les autres…", se souvient-elle. Désormais, Nathalie ne part plus fumer avec ses collègues en pause... Et a même supprimé les cigarettes en solo.
Cette étude marseillaise http://fr.ap-hm.fr/actu/la-realite-virtuelle-pour-en-finir-avec-le-tabac a encore besoin de volontaires - vous pouvez écrire à traitement.tabac@gmail.com
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