Cannabis : l'Etat opposé aux tests salivaires dans les lycées
C'était une des promesses de campagne de Valérie Pécresse, présidente Les Républicains de la région Ile-de-France. Pour lutter, selon elle, contre le décrochage scolaire, elle avait fait voter en mai dernier la mise en place de tests salivaires, pour détecter la consommation de cannabis chez les lycéens franciliens. Le 18 août, l'Etat s'est finalement positionné contre cette mesure controversée.
Dans une lettre adressée en juillet à Mme Pécresse, le préfet de région Jean-François Carenco estime que cette disposition dépasse les compétences régionales en matière sanitaire et sociale. Pour le préfet, l'article contesté ne respecte pas les dispositions du code des collectivités territoriales et du code de l'éducation.
Un risque de décrochage pour les fumeurs réguliers
Valérie Pécresse campe, quant à elle, sur ces positions. "En application de ses compétences en matière de développement sanitaire, de soutien aux politiques d'éducation et de lutte contre le décrochage scolaire, la région est totalement fondée à intervenir pour prévenir les addictions " écrit-elle en réponse dans un courrier au préfet daté du 20 juillet, cité par l'AFP.
Elle souligne par ailleurs que "le lien entre addiction et décrochage scolaire est scientifiquement établi". Effectivement, la consommation de cannabis peut entraîner un risque de décrochage scolaire, mais principalement pour les fumeurs réguliers, selon une étude britannique. Or, les tests salivaires ne permettent pas d'établir la dose de consommation du lycéen, ni ses raisons.
Le dialogue plutôt que la répression
D'autre part, le décrochage scolaire est bien souvent multifactoriel, et ses causes sont souvent les mêmes qui poussent un adolescent à fumer. Ainsi, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) explique que le décrochage scolaire va souvent de pair avec un manque de confiance en soi, des problèmes relationnels ou familiaux, ou encore une mauvaise gestion du stress.
Tester des lycéens, et transmettre dans la foulée les résultats à leurs parents comme le prévoit la mesure, ne semble donc pas être la solution idéale. Le site Drogues Info Service explique aux parents que le dépistage "ne permet pas de déterminer l’existence d’une dépendance. Mais surtout, il ne vous apprendra rien sur les éventuelles difficultés que votre enfant rencontre. Imposer à son enfant un dépistage peut être un réel obstacle à l’échange et au dialogue qu’il est nécessaire d’avoir avec lui".
Il recommande par ailleurs aux parents d'établir un dialogue de confiance, apaisé, avec leur enfant. Quant aux lycéens, ils peuvent demander conseil auprès de la médecine scolaire ou encore de Drogues Info Service.
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