Alcool et médicaments : quels sont les mélanges les plus risqués ?
Anxiolytiques, somnifères, opiacés... De nombreux traitements peuvent interagir avec l'alcool, avec pour conséquences des effets indésirables parfois graves. Des nausées, au coma, en passant par l'arrêt respiratoire, les effets de l'éthanol, combinés à certaines molécules, sont complexes.
Deux scénarios sont généralement possibles. Soit l'alcool retarde la dégradation du médicament, allongeant son action dans l'organisme et ainsi ses effets secondaires. Soit, à l'inverse, l'éthanol accélère la digestion des molécules, rendant le traitement beaucoup moins efficace.
Les médicaments du système nerveux : l'association la plus dangereuse
Globalement, l'alcool agit sur le système nerveux central. Il joue ainsi un rôle dépresseur sur le cerveau, tout comme d'autres médicaments, tels que les anxiolytiques, les somnifères, les neuroleptiques et les sédatifs. En agissant sur les mêmes récepteurs, l'alcool va booster les effets de ces médicaments, en particulier les effets sédatifs. Ce mélange est donc totalement à proscrire car, au delà de la somnolence ou de la confusion, la combinaison peut entraîner des détresses respiratoires, le coma, voire la mort.
Ces contre-indications concernent également les opiacés ou certains antihistaminiques. Selon le Centre de contrôle des maladies américains (CDC), l'alcool est impliqué dans 22% des décès causés par un antalgique opiacé. Une chose est sûre donc : l'alcool est très fortement déconseillé en cas de traitement anxiolytique, hypnotique, opiacé ou encore neuroleptique.
Vigilance accrue pour les antiépileptiques et certains anticoagulants
Si l'alcool peut amplifier, de manière parfois violente, les effets secondaires de certains médicaments, il peut aussi, à l'inverse, accélérer leur digestion et donc limiter leur efficacité. "L'éthanol est une petite molécule facilement résorbée par la muqueuse digestives, 80% l'étant au niveau intestinal", explique l'Inserm, dans une expertise collective. Dans le système digestif, l'alcool va monopoliser les mêmes enzymes que certains médicaments, entrant alors en compétition avec ces traitements. Selon les molécules, soit le métabolisme du traitement est accéléré, soit il est ralentit.
Par exemple, une consommation quotidienne d'alcool, combinée à un traitement antiépileptique, le rendra moins efficace. Le corps, en éliminant plus rapidement le traitement, expose donc le patient à des risques de crises [1]. A l'inverse, l'alcool peut ralentir la dégradation de certaines molécules, boostant ainsi leurs effets. C'est par exemple le cas de la warfarine, qui prévient la formation de caillots sanguins. Mélangée à l'alcool, cette molécule rend le sang encore plus fluide et expose à des risques d'hémorragies.
Interdiction totale pour certains traitements, au cas par cas
Les interactions alcool-médicament sont donc complexes, et doivent être prise au cas par cas. Une poignée de médicaments, moins courants, sont totalement contre-indiqués, comme les traitements antimycosiques oraux, l'acitrétine et le méthotrexate.
Plus généralement, les effets délétères des mélanges varient beaucoup en fonction de la dose et de la durée d'alcoolisation. Par exemple, consommés de manière chronique, alcool et paracétamol entraînent des lésions hépatiques. Mais à petite dose, ponctuelle, les problèmes restent très limités !
Quoi qu'il en soit, il ne faut jamais arrêter un traitement sans avis médical, même pour une soirée arrosée ! L'idéal est de limiter au maximum sa consommation d'alcool et de se référer à la notice du médicament ou aux conseils de son médecin ou pharmacien.
[1] En cas de consommation quotidienne excessive d'alcool, il est déconseillé d'arrêter de boire subitement car cela peut provoquer des crises d'épilepsie. Mieux vaut consulter le médecin.
Source principale : Alcool - Effets sur la santé, Les interactions entre alcool et médicaments. Expertise collective de l'Inserm
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