Agnès Buzyn rappelle que le vin est bel et bien un alcool comme les autres
Les propos du ministre de l’Agriculture sur le vin ne passent pas auprès d’Agnès Buzyn. "On ne peut pas banaliser la consommation d'alcool", a réagi la ministre de la Santé le 18 janvier. Le 16 janvier, Didier Guillaume avait en effet affirmé sur le plateau de BFMTV qu’il n’était pas persuadé "que le vin soit un alcool comme les autres", affirmant qu’il n’avait jamais vu "un jeune qui sort de boîte de nuit, et qui est saoul, parce qu'il a bu du Côtes-du-Rhône".
La consommation d’alcool tue près de 50.000 personnes chaque année en France
"Si le vin fait partie de notre patrimoine, et qu'en cela on peut considérer qu'il n'est pas un alcool comme un autre et qu'il fait partie de la culture nationale, la molécule d'alcool contenue dans le vin est exactement la même que celle contenue dans n'importe quelle boisson alcoolisée", a rappelé Agnès Buzyn sur Franceinfo. Elle en a profité pour indiquer que la consommation d’alcool "tue en France près de 50.000 personnes" chaque année.
Les propos de Didier Guillaume ont très vite suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. "Quel aveuglement ! M. Guillaume, tous les médecins vous invitent à faire un tour aux urgences un soir de feria ou de beaujolais nouveau. Pour être plus précis, il y a tous les jours des comas éthyliques au vin", a réagi le Pr Michel Reynaud, addictologue et président du fonds actions addictions. "Avec un tel discours, […] il place surtout la France dans une position intenable et lamentable quant à l'influence du lobby sur nos politiques", a renchéri le Pr Amine Benyamina, psychiatre spécialiste des addictions.
De son côté, Bernard Basset, vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), a rappelé que "contrairement à ce que prétend le ministre de l'Agriculture, les études démontrent que les jeunes se saoulent avec du vin (18%) ou du champagne (25%) selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Le vin est aussi un alcool comme les autres pour se saouler".
Agnès Buzyn décidée à continuer la prévention
Interrogée sur le poids du lobby viticole, Agnès Buzyn a néanmoins estimé qu'"il y a du lobbying partout, et des intérêts partout, dans le monde du tabac, de l'alcool... Le devoir d'un politique est de décider ce qui est bon pour les Français, le seul intérêt est l'intérêt général". La ministre a également donné son avis sur les propos d’Emmanuel Macron, qui avait annoncé l'an dernier qu'il n'y aurait pas de durcissement de la loi Evin, et avait confié boire "du vin le midi et le soir". "J'imagine qu'il fait un choix entre les intérêts de l'agriculture française et les intérêts de santé publique", a estimé Agnès Buzyn, affirmant que cela ne l’empêcherait pas de répéter que "l'alcool est, quel qu'il soit, la deuxième cause de mortalité en France".
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