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Sciences : l'aimant IRM le plus puissant au monde vient de livrer ses premières images

L'appareil est capable, grâce à son champ magnétique, d’aller sonder avec une qualité d’images inégalée certaines zones du corps humain difficiles d’accès comme le cerveau.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'aimant IRM Iseult, le plus puissant au monde, est une prouesse inédite réalisée par des équipes françaises et est installé au CEA, en région parisienne (FRANCIS RHODES / CEA)

L'instrument, unique au monde, est imposant : cinq mètres de diamètre, cinq mètres de long, plus de 130 tonnes. Iseult, le nom de ce projet, est le plus puissant aimant IRM jamais fabriqué et génère un champ magnétique record. "Quand vous avez un champ magnétique, vous parlez en tesla. Dans les IRM qu'on trouve dans tous les hôpitaux actuellement, on est entre 1,5 et 3 teslas, explique Lionel Quettier, ingénieur et chef de projet Iseult. Là, on va multiplier le niveau de champ par quatre, à 11,7 teslas. Donc on repousse au maximum ce qui est aujourd'hui possible."

La fabrication de l'aimant a demandé six ans de travail, pour assembler les milliers de kilomètres d'un alliage rare, du nobium-titane, qui composent l'énorme bobine de 45 tonnes. Depuis sa livraison en 2017 sur le site Paris-Saclay du Commissariat à l'énergie atomique, cet aimant a dû être raccordé au reste de l’installation, notamment la mini usine chargée de le maintenir à des températures flirtant avec le zéro absolu. On est ici au-delà des −271°C. 

Des applications dans le domaine médical 

Beaucoup de tests ont également été nécessaires avant d'avoir ces premières images, dévoilées jeudi 7 octobre. Par sécurité, c’est un potimarron qui a été inspecté mais à l’avenir ce sont bien des applications dans le domaine de la recherche médicale qui sont visées par l’installation. Avec une ouverture de 90 cm, Iseult va être le plus puissant scanner IRM pouvant accueillir un corps humain. Nicolas Boulant est responsable imageur au sein de NeuroSpin, une unité du CEA dédiée à l’exploration du cerveau. Pour lui, l'IRM Iseult offre surtout une marge de manœuvre pour étudier le cerveau de manière plus précise. "On sait, par exemple, qu'aux environs du demi-millimètre, le cortex du cerveau est organisé en couches laminaires, note ce scientifique, actuellement on ne comprend pas toujours très bien leur rôle. Là, on va pouvoir étudier ça de plus près." A la clé, la possibilité de mieux comprendre l'anatomie du cerveau mais aussi son fonctionnement lors des tâches cognitives, ou face à des pathologies neuro-dégénératives (Parkinson et Alzheimer), des affections psychiatriques (troubles bi-polaires) ou vasculaires.

Cette étape des premières images franchies, il reste encore de longs mois de travail aux équipes pour fiabiliser la machine, obtenir également l’approbation des autorités sanitaires avant de pouvoir y installer des premiers volontaires.

Les premières images réalisées via l'IRM du projet Iseult. Les chercheurs ont utilisé un potimarron pour tester l'appareil en toute sécurité. (CEA)

Images de potimarrons réalisées à partir de l’IRM du projet Iseult (CEA)

L'IRM Iseult vient de livrer ses premières images – le reportage d'Olivier Emond

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