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Guyane : contamination des populations au plomb et au mercure

Une première étude, inédite, a décelé des concentrations particulièrement élevées de plomb chez des enfants. Une seconde confirme le maintien d'une surimprégnation du mercure chez les autochtones. 
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Guyane : contamination des populations au plomb et au mercure

"On suspectait une imprégnation élevée" au mercure en Guyane, indiquait Audrey Andrieu de la cellule interrégionale d’épidémiologie (CIRE), lors de la restitution publique jeudi dernier d'une enquête inédite sur la contamination au plomb en Guyane. Cette étude "Guyaplomb", a été menée de 2015 à 2017 sur près de 600 jeunes Guyanais de moins de 6 ans et a confirmé cette crainte : avec 22,8 µg/l (microgrammes de plomb par litre de sang) en Guyane, "la moyenne géométrique est plus élevée" que la moyenne nationale (15 µg/l), en Martinique (19,8 µg/l) et en Guadeloupe (20,7 µg/l).

Les principaux cas répértoriés ? « Les garçons et les enfants sous CMU" (couverture maladie universelle) et "sur le littoral guyanais". Néanmoins, à Camopi et Trois-Sauts, villages amérindiens sur le fleuve Oyapock, frontalier avec le Brésil, les taux sont très élevés. A Camopi, 16 enfants sur 20 prélevés ont une plombémie supérieure à 50 µg/l.

Le plomb est toxique, même à de faibles concentrations

Le plomb est toxique pour l’organisme même à de faibles concentrations et peut être à l'origine de saturnisme. Cette maladie est particulièrement nocive chez les jeunes avec des effets neurologiques, rénaux et hématologiques. Le seuil de déclaration obligatoire auprès des organismes médicaux est de 50 µg/l de sang. « Mais il ne s’agit que d’un seuil d’intervention, des concentrations bien plus faibles sont largement répandues et délétères, en particulier chez les enfants » prévient l’INSERM sur son site. La CIRE a précisé que les causes de cette intoxication étendue "sont encore en cours d’étude", mais de fortes suspicions pèsent sur une cause alimentaire.

A lire aussi : Le saturnisme : une intoxication au plomb

Intoxication au mercure des populations autochtones

Une autre étude épidémiologique a confirmé le maintien de la forte surimprégnation du mercure chez les autochtones du Haut Maroni, zone du Parc amazonien de Guyane, qui vivent à plusieurs heures de pirogue et d'avion du littoral.

"En 2012, le taux d’imprégnation était considérable pour plus de la moitié de la population" du Haut Maroni, selon le docteur Rémy Pignoux, en charge de l’étude menée de 2012 à 2017. Aujourd'hui, selon lui, sur les 300 femmes enceintes et jeunes enfants suivis, "87 % des femmes présentent un risque au niveau fœtal" pouvant engendrer des "malformations définitives" et "40% des enfants" sont contaminés à plus de 5 µg/l, soit le seuil à ne pas dépasser selon l’OMS. La contamination in utero des enfants est la plus préoccupante, d'après les différentes études menées par le médecin Rémy Pignoux.

Si ces chiffres restent préoccupants, ils révèlent toutefois une diminution du nombre de personnes intoxiquées par rapport aux années 90. Une baisse qui s’expliquerait, selon le médecin, par « l’adoption de meilleurs usages alimentaires », c’est à dire une moindre consommation de poissons du fleuve contaminés par le mercure.

L’orpaillage, premier vecteur de la contamination par le mercure

Le principal vecteur entre le mercure et les assiettes de ces populations autochtones ? L’orpaillage. « Depuis plusieurs décennies, l’utilisation du mercure élémentaire dans les activités d’orpaillage, en Guyane, a entraîné une contamination importante et répétée de l’environnement » peut-on lire dans les recommandations de bonne pratique publiées en novembre 2017 par la HAS à l'attention des professionnels de santé. « Le mercure qui pénètre dans les milieux aquatiques est converti en méthylmercure (MeHg) » qui est avalé par les poissons « en particulier les espèces de poissons prédateurs », eux-mêmes consommés par l’homme. Raison pour laquelle les autorités sanitaires de Guyane recommandent aux femmes enceintes de ne plus consommer de poissons alors même qu’il s’agit de la source principale de leur alimentation. 

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