Dépression : de nouveaux gènes suspectés
Les "coups durs" de la vie ne peuvent pas être tenus comme seuls responsables des épisodes dépressifs. La dépression est ce qu'on appelle une maladie multifactorielle. Des facteurs biologiques (perturbation du fonctionnement cérébral), psychologiques (liés à l'éducation qu'on a reçue, l'histoire familiale, d'éventuels traumatismes de l'enfance...) et environnementaux (mort d'un être aimé, perte d'un travail, maladie…) peuvent intervenir dans le développement de la maladie. Mais les scientifiques savent désormais que la dépression pourrait aussi être inscrite dans les gènes et avoir un caractère héréditaire.
Des centaines de milliers de cas étudiés
Une vaste étude américaine confirme l'influence des gènes sur le risque de dépression chez les personnes d'origine européenne. Un pas de plus pour mieux comprendre la composante biologique de cette maladie et aider au développement de nouveaux traitements. L'étude, publiée dans la revue Nature Genetics décrit "les premières associations génétiques significatives avec le risque de trouble dépressif majeur (TDM) chez les individus d'origine européenne".
Malgré des preuves solides de l'héritabilité de la dépression, les études précédentes ont été incapables d'identifier l’emplacement des gènes à risque chez les personnes d'origine européenne. Une étude récente avait identifié deux variations génétiques pouvant contribuer au risque de développer cette maladie chez les femmes chinoises, mais elles sont extrêmement rares dans d'autres populations.
Les chercheurs ont étudié les données d'auto-évaluation de 75.607 personnes déclarant un diagnostic clinique de dépression et celles de 231.747 personnes sans antécédents de dépression. Ils ont utilisé les données provenant de la société américaine de génétique 23andMe qui vend des tests ADN aux particuliers pour évaluer leur risque génétique de développer certaines maladies.
Dix-sept variations génétiques potentiellement impliquées
Les scientifiques ont identifié un total de dix-sept variations génétiques (ou mutations) à risque, réparties dans quinze régions du génome. Certaines variations seraient également associées à des troubles psychiatriques proches.
"L'identification des gènes qui influent sur le risque pour une maladie est une première étape vers la compréhension de la biologie de la maladie elle-même", explique Roy Perlis, du Massachusetts General Hospital (Etats-Unis), coauteur de ce travail.
"Nous espérons que la découverte de ces gènes va nous orienter vers de nouvelles stratégies de traitement", ajoute le spécialiste, également professeur agrégé de psychiatrie à la Harvard Medical School. Plus généralement, le Dr Roy Perlis estime que "trouver des gènes associés à la dépression devrait aider à dire clairement qu'il s'agit d'une maladie du cerveau", et espère ainsi "diminuer la stigmatisation" des malades.
La dépression touche plus de 350 millions de personnes dans le monde, selon l'OMS.
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