: Reportage "La gourmandise peut redonner envie de manger" : à l'Institut Gustave-Roussy, des repas préparés par un chef étoilé pour les enfants atteints d'un cancer
Qui a dit qu’on mangeait mal à l’hôpital ? Pour égayer l’hospitalisation d'enfants et adolescents, un chef étoilé vient désormais à l’institut anti-cancer Gustave-Roussy de Villejuif, en région parisienne, deux fois par mois. Conscient que l’alimentation est un enjeu important des soins, le chef propose des menus qui font envie aux jeunes patients.
Au menu du déjeuner pour les 40 enfants hospitalisés, c’est "le poulet du dimanche avec des pommes de terre ratte", indique le chef du restaurant étoilé Chiberta à Paris. Irwin Durand a élaboré bénévolement plusieurs menus à petits prix avec et pour les enfants : "La seule chose qu'on nous avait demandée, c'est que ça leur donne envie de manger et qu'ils soient contents de manger."
Dans sa chambre, Emma, 13 ans, lorgne déjà sur le dessert : "Un cookie au chocolat, il est beau, il est bien, il a l'air bien sucré, le chocolat a l'air fondant", salive-t-elle. C’est une habituée des repas à l’hôpital, confirme sa mère Allyson : "Elle a mieux mangé que dans le premier hôpital où elle a été hospitalisée." "On nous servait comme ça, reprend sa fille, mais des fois, il n'y avait pas de sel, il n'y avait pas de couleur, il n'y avait rien... C'était triste."
Des repas "toqués" plus forts en goût
Burger, kebab, ou encore poisson pané sauce gribiche, et en dessert : Paris-Brest, mousse au chocolat ou madeleine, élaborés par la cheffe pâtissière Tessa Ponzo. "On s'est mis à la place des enfants, dit-elle, qu'est ce qui va leur faire plaisir ? Et c'est vrai que le chou Paris-Brest, lors des ateliers, ça a beaucoup plu. La crème, c'est onctueux, c'est gourmand, c'est du praliné, ce sont des noisettes, ça fonctionne", acquiesce la pâtissière.
Les cuisiniers de l’institut anti-cancer Gustave-Roussy reproduisent deux mercredis par mois ces menus, des menus dits "toqués". Ils sont plus forts en goût, plus épicés que d’habitude car les traitements, comme la chimiothérapie et la radiothérapie, altèrent le goût des malades. Donner envie de manger aux jeunes patients, c’est essentiel, explique le docteur Christelle Dufour, cheffe du service : "Il y a des enfants qui ne peuvent même pas sentir l'odeur du repas qui arrive et qui vont se cacher dans leur chambre, qui veulent s'enfermer, parce que cette odeur va déclencher des nausées. Ils ont une perte d'appétit qui fait qu'il y en a qui ne mangent pas du tout. Et l'aspect qui appelle à la gourmandise peut aussi redonner envie de manger. Et c'est aussi pour ça que les 'repas toqués' fonctionnent", indique-t-elle.
L’association Princesse Margot à l’origine de ces "repas Toqués" envisage de les organiser plus souvent, et de les proposer aussi aux adultes.
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