Cancer du col de l'utérus : s'autodépister est aussi efficace qu'aller chez le gynécologue
Une étude française menée sur près de 730 femmes affirme que les prélèvements vaginaux faits par les femmes à domicile sont une solution pour celles qui n'iraient pas suffisamment souvent chez le gynécologue.
Le test est jugé fiable, mais il n'est pas encore prévu de le systématiser. Des chercheurs français ont montré qu'un auto-prélèvement vaginal à domicile pouvait être aussi efficace qu'un frottis effectué par un médecin pour dépister un cancer du col de l'utérus, dans une étude publiée au mois de mai. "Nous avons retenu un dispositif acceptable et peu cher et montré qu'il était aussi efficace que le frottis", a précisé, jeudi 5 juin, le Dr Ken Haguenoer (Inserm, CHU de Tours), l'un des auteurs de l'étude menée entre 2009 et 2011 auprès de 722 femmes et publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Les chercheurs français ont précisé toutefois qu'ils n'entendaient pas remettre en cause les frottis cervico-utérins. Mais ils veulent seulement offrir une "alternative" aux femmes qui ne participent pas à ce dépistage par frottis. Celui-ci a permis une réduction importante de la mortalité liée au cancer du col de l'utérus dans les pays développés grâce à un taux de couverture estimée à 63%. Mais ce taux stagne depuis plusieurs années alors que la maladie continue à tuer, chaque année, environ un millier de femmes en France et près de 300 000 dans le monde.
Deux auto-prélèvements avec une sorte de coton de tige
Les 722 femmes qui ont participé à l'étude ont été invitées à faire un frottis classique et deux auto-prélèvements en utilisant un écouvillon (une sorte de coton tige) pour prélever quelques cellules dans le vagin afin de détecter la présence de papillomavirus (HPV), qui sont à l'origine d'une majorité de cancers du col de l'utérus.
Dans le premier cas, il s'agissait d'un écouvillon "sec" placé ensuite dans un tube en plastique et envoyé au laboratoire par la poste, tandis que dans le second, l'écouvillon devait être placé "en milieu de transport liquide". "Les prélèvements secs ont montré plus de concordance avec les frottis que les prélèvements humides", relève le chercheur, qui souligne également leur plus grande facilité d'utilisation. "La plupart des 722 femmes ont également trouvé qu'ils étaient moins gênants et moins douloureux qu'un frottis."
Les chercheurs espèrent que les auto-tests pourront être expérimentés "à plus grande échelle" à l'avenir, en ciblant systématiquement les femmes non dépistées par ailleurs. D'après le DrHaguenoer, l'envoi d'un auto-prélèvement à domicile serait nettement plus efficace qu'une lettre de relance pour un frottis, avec un taux de participation atteignant 22,5% contre 11% pour la simple relance, selon une autre étude dont les résultats n'ont pas encore été publiés.
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