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Allergies saisonnières : comment s'en débarrasser ?

Après un hiver doux, la période de pollinisation s'annonce particulièrement longue cette année. Francetv info s'est rendu dans le cabinet d'une allergologue pour aborder les différents traitements proposés aux patients.

Article rédigé par franceinfo - Jéromine Santo Gammaire
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Les allergies saisonnières non traitées peuvent devenir un cauchemar pour ceux qui en souffrent.  (MARTIN LEIGH / CULTURA CREATIVE / AFP)

Fabien, 10 ans, passe un mouchoir sous ses lunettes et se frotte les yeux. En face de lui dans la salle d'attente, deux personnes patientent en silence. Le garçon souffre d'allergies saisonnières depuis l'âge de 6 ans, tout comme près de 20% des enfants de 10 ans et 30% des adultes, selon différentes études compilées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui avertit toutefois que les estimations sont généralement surévaluées. Chaque année, Fabien commence à tousser en janvier, au début de la période de pollinisation. Puis les symptômes disparaissent en été, et il peut à nouveau profiter des promenades dans les parcs parisiens.

Les rhinites allergiques peuvent se faire sentir jusqu'au mois d'octobre en fonction du pollen en cause (pollens d'arbres, de graminées ou d'herbacées). Chez les personnes allergiques, l'inspiration du pollen, une substance normalement inoffensive, provoque une réaction exagérée du système immunitaire. Le nez se met à couler, les yeux piquent, des démangeaisons se font sentir. Et ce bien plus longtemps que le rhume viral

C'est pour Fabien et son jeune frère que Yuko, la maman, a consulté pour la première fois un allergologue il y a près d'un an. "Ils étaient vraiment malades, ça me faisait mal au cœur de les entendre tousser autant", déplore la jeune femme, elle-même allergique, comme de nombreux membres de la famille.

Facteurs génétiques et environnementaux

"L'hérédité est un facteur important dans l'apparition des symptômes", explique le docteur Inna Mercier, que la famille est venue consulter dans son cabinet du 12e arrondissement de Paris. Mais l'environnement dans lequel les gens vivent peut aussi expliquer que certaines personnes soient plus sensibles que d'autres. Selon la quantité et le type de pollens présents dans l'air, on peut développer plus facilement des symptômes. La pollution chimique et la fumée de cigarette favorisent aussi leur développement, en particulier chez les personnes exposées dès leur enfance.

"Une toux récurrente, des difficultés à respirer, des moments d'essoufflement peuvent marquer l'apparition de l'asthme", avertit l'allergologue. La maladie est assez fréquente chez les personnes coutumières des allergies saisonnières. C'est pour savoir ce qu'il en est que Fabien et sa mère sont revenus voir le médecin aujourd'hui. Dans un coin de la salle d'auscultation, un réduit ressemblant à une cabine de douche permet de déterminer si les patients souffrent d'insuffisance respiratoire. Consulter permet d'empêcher l'aggravation des manifestations de l'allergie.

Habituer le corps à l'allergène avec la désensibilisation

"Quand les patients viennent me voir durant la saison de pollinisation, c'est avant tout pour un traitement qui soulagera les symptômes", explique la médecin. La prescription : une solution nasale et surtout des antihistaminiques qui empêchent le corps de sécréter de l'histamine, la substance qui déclenche les réactions allergiques. Des corticoïdes sont aussi proposés pour les cas les plus sévères.

Fabien et sa mère prennent des médicaments matin et soir depuis leur première consultation avec le docteur Mercier. "On met le 'pschitt' dans les narines, et il faut prendre un mouchoir parce que ça fait éternuer, avertit Fabien. Après, on a le nez complètement vide, c'est ça que j'aime bien." "Le produit des solutions nasales fonctionne très bien", complète Yuko.

"Si le patient se présente quelques mois en avance, avant la période de pollinisation, on peut envisager de faire une désensibilisation", poursuit le médecin. Ce traitement consiste à habituer progressivement le corps à l'allergène en administrant une dose de plus en plus forte jusqu'à ce que le corps le tolère de façon partielle ou totale. Il se présente sous trois formes différentes : injections, comprimés ou gouttes à laisser fondre sous la langue.

Le docteur Inna Mercier utilise des produits qui servent aux tests d'allergie cutanés et permettent de déterminer la cause exacte des réactions allergiques, dans son cabinet du 12e arrondissement de Paris, en avril 2014. (JEROMINE SANTO GAMMAIRE / FRANCETV INFO )

Les symptômes finissent par revenir

La désensibilisation permet au patient de diminuer sensiblement les réactions allergiques. Elle a aussi pour objectif de prévenir l'apparition d'autres allergies et de l'asthme. Elle s'effectue sur une durée de 3 à 5 ans, avec une périodicité variable. Il vaut donc mieux y avoir recours lorsque les symptômes sont vraiment gênants. 

Le traitement est cher. "En moyenne, une cure de deux mois coûte souvent près de 200 euros", précise Inna Mercier. La sécurité sociale rembourse 65% du prix des gouttes et des injections et 15% de celui des comprimés. Le traitement est efficace dans 70% des cas, selon les allergologues. Néanmoins, les symptômes finissent souvent par revenir après quelques années. "Dans ce cas, on peut reprendre la désensibilisation quinze ou vingt ans plus tard", précise la médecin.

Par ailleurs, le traitement n'est pas forcément adapté à tout le monde, certains patients présentant des contre-indications. D'autres ressentent une gêne, ou ne le tolèrent pas et préfèrent arrêter. Cela fut le cas de Yuko et de son fils à l'automne dernier, quand Fabien a fait une réaction cutanée buccale après la prise de l'allergène.

Et l'homéopathie ?

Le plus gros risque de la désensibilisation est de provoquer une réaction allergique, sachant toutefois que les crises graves sont rares. Selon les professionnels, il est moins fréquent de développer une réaction lorsque l'on utilise les comprimés puisqu'ils permettent de doser précisément les quantités d'allergène administrées.

Le docteur Mercier est également homéopathe, c'est pour cette raison que Yuko l'a choisie. Elle prescrit ces traitements en prévention ou pour soulager les symptômes. "Chez certains patients, l'homéopathie peut suffire. Pour d’autres, cela peut permettre de diminuer le nombre de médicaments pris par ailleurs."

L'allergologue propose aussi un traitement de fond. Toutefois, "on ne peut pas parler de désensibilisation homéopathique à proprement parler", admet-elle. En raison d'un nombre de prescriptions très limité, il n'existe pas d'étude récente sur le sujet, et le taux de réussite reste inconnu. La praticienne affirme néanmoins que "l'efficacité peut être tout à fait comparable" à la désensibilisation traditionnelle.

En dehors de ces différents traitements, les conseils de base restent valables afin de mieux supporter les allergies au quotidien. L'allergologue énumère : "Eviter de sortir lors des pics de pollen. Prendre une douche, se laver les cheveux et changer de vêtements en rentrant chez soi le soir. Fermer les fenêtres durant la journée et aérer le matin. Ne pas se frotter les yeux..."

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