: Vidéo Comment la région de Vittel a échappé au pipeline qui devait l'alimenter… en eau
A Vittel, faire venir de l'eau de l'autre bout du département pour alimenter la population... parce qu'une multinationale pompe celle de la région ! En 2016, c'était l'idée lancée par le préfet des Vosges : un pipeline... qui éviterait de toucher aux profits de Nestlé Waters. Le 13 mai 2020, "Pièces à conviction" revient sur ce projet qui a suscité un tollé.
Manquer d'eau dans la région de Vittel et Contrexéville... C'est pourtant une réalité : aujourd'hui, dans les Vosges, certaines sources ne sont plus alimentées, et les étés de sécheresse, des habitants sont obligés de s'approvisionner par camions-citernes. Les municipalités ne peuvent pas forer dans des nappes plus profondes quand l'eau des captages vient à manquer, car un arrêté préfectoral l'interdit. Certains puits ont même été bétonnés pour préserver les ressources en eau, vitales pour l'économie locale.
Mainmise de Nestlé sur le captage
Cette économie locale repose surtout sur la multinationale Nestlé Waters, qui produit 1,85 milliard de bouteilles par an sous les marques Vittel, Contrex et Hépar, pour 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Comme il n'était pas question de contraindre la firme à limiter sa production, en 2016, la préfecture des Vosges a lancé cette idée étonnante : construire un pipeline pour alimenter la population en eau. Partant de Valfroicourt, à 25 kilomètres de Vittel, il aurait acheminé l'eau vers Dombrot-le-Sec, Contrexéville... et même Vittel.
Faire venir de l'eau de l'autre bout du département pendant que Nestlé Waters continuait de puiser dans les sous-sols autour de Vittel ? La multinationale suisse a proposé de financer en partie le pipeline, mais les habitants ont crié au scandale. Ils n'étaient pas les seuls : de nombreux élus se sont opposés à ce projet. Ils ont été convoqués par le conseil départemental.
Chantage à l'emploi au conseil départemental
"Le président a réuni les élus qui étaient intéressés, pas spécifiquement ceux qui étaient en colère, raconte l'un d'eux dans "Pièces à conviction" du 13 mai 2020. Il nous a expliqué que la récréation était terminée, qu'il fallait passer à autre chose. Si on n'arrêtait pas nos actions, on risquait de voir l'entreprise Nestlé quitter la région." On a évoqué le chiffre de 3 000 emplois menacés, et 6 000 emplois indirects... Mais les maires ont refusé de céder. Ils sont restés mobilisés pendant près de deux ans. En octobre 2019, le projet de pipeline a été abandonné.
Extrait de "Main basse sur nos ressources naturelles : citoyens contre multinationales", un document à voir dans "Pièces à conviction" le 13 mai 2020.
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