Une pétition rassemble 235 000 signatures pour un étiquetage nutritionnel "cinq couleurs" sur les aliments

La députée européenne Michèle Rivasi a remis au ministère de la Santé, mardi 11 octobre, une pétition rassemblant 235 000 signatures pour réclamer l'affichage sur les aliments du système d'étiquetage nutritionnel dit "cinq couleurs". Les signataires estiment que ce système est le plus "neutre" et le plus "intelligible" pour les consommateurs. "Pour nous consommateurs, il ne fait aucun doute que le système à cinq couleurs est le meilleur", affirme cette pétition, lancée en décembre par Eric Delannoy, qui se présente comme un "simple citoyen".

Cet étiquetage est "système graphique à 5 couleurs (5-C) ou Nutri-score, qui se présente sous forme de notes de A à E associées à des couleurs. Il est élaboré à partir du calcul d’un score de qualité nutritionnelle qui prend en compte les divers éléments présents actuellement sur l’étiquetage nutritionnel au dos des emballages", expliquent les organisateurs de l'enquête.

Une expérimentation se déroule actuellement dans 60 supermarchés français pour départager quatre systèmes d'étiquetage différents. L'évaluation des 10 semaines de test servira au ministère de la Santé pour décider d'un système unique d'étiquetage nutritionnel simplifié. L'objectif est d'orienter les consommateurs vers les aliments meilleurs pour la santé et de pousser les industriels à revoir la composition des produits les moins équilibrés.

Des doutes sur le protocole d'expérimentation

Selon Michel Rivasi, "il y a de gros doutes sur le protocole mis en place" pour cette expérimentation ainsi que sur "l'indépendance" de l'analyse qui sera faite des résultats. Plusieurs membres du comité scientifique ont démissionné, alors que des critiques fusaient sur de possibles conflits d'intérêts. La forte implication dans le projet des industriels et des distributeurs, présents dans le comité de pilotage et directement à l'origine de deux des quatre logos testés, a également été pointée du doigt.

L'organisme chargé de coordonner le test grandeur nature des quatre systèmes d'étiquetage, le Fonds français pour l'alimentation et la santé (FFAS), "n'a donné que très peu de détails publiquement sur le protocole expérimental exact utilisé ou sur les indicateurs suivis et mesurés", déplore en outre Vincent Bataille, de l'association OpenFoodFacts.

"Une sélection de données favorables à un résultat souhaité est donc techniquement possible", a-t-il expliqué à l'AFP. L'association a par ailleurs pointé plusieurs incohérences dans les étiquetages mis en place pour le test, lors de ses relevés dans les supermarchés.