Pizza Buitoni contaminée à l’E. coli : "Le temps joue contre nous, il faut que la justice aille vite", presse un avocat de victimes
La recrudescence de contaminations par la bactérie Escherichia coli est en grande partie liée aux pizzas Buitoni Fraîch'Up. À ce jour, il y a eu 75 cas d'intoxications dans plusieurs régions de France, en grande majorité des enfants dont deux sont morts.
Deux plaintes ont été déposées auprès du parquet de Bordeaux après la détection de contaminations par la bactérie Escherichia coli, en grande partie, liées à la consommation de pizzas Fraich’Up de la marque Buitoni. À ce jour, il y a eu 75 cas d'intoxications dans plusieurs régions de France, en grande majorité des enfants dont deux sont morts. "Le temps joue contre nous. Il y a un risque de dépérissement des preuves et, effectivement, il faut que la justice aille vite", a déclaré vendredi 1er avril maître Pierre Debuisson, qui représente dix familles de victimes.
D'après les informations de franceinfo, d'autres plaintes de parents vont être déposées dans les prochaines heures. "Des plaintes pour blessures involontaires et peut-être pour les parents qui ont perdu des enfants, des plaintes pour homicide involontaire", précise l'avocat pénaliste, spécialiste en droit de la santé. Nestlé, qui possède la marque Buitoni, assure que "[sa] seule priorité est de trouver la cause" de ces infections.
franceinfo : Combien de familles représentez-vous ?
Pierre Debuisson : Dix familles m'ont contacté, dont onze victimes puisqu'une mère de famille a deux enfants qui ont été hospitalisés.
Comment vont les enfants qui ont été contaminés ?
Les enfants sont sous le choc. Je veux parler de ceux qui ne sont plus hospitalisés. Pour d'autres, une inquiétude permanente qui se répète quotidiennement tant qu'ils ne sont pas tirés d'affaire. Ils ne savent toujours pas s'ils pourront rentrer chez eux. Et évidemment, j’ose imaginer la détresse des parents qui ont perdu leur enfant et qui sont évidemment inconsolables aujourd'hui.
Les parents sont en colère ?
Ils ont une priorité pour ceux dont les enfants sont hospitalisés c'est que la situation s'améliore d'un point de vue de la santé de leurs petits. En colère parce qu'il est inadmissible qu'aujourd'hui, on puisse en France être contaminé de cette façon-là. Et évidemment, ils cherchent à faire la lumière sur ce qui s'est passé, à comprendre comment ces produits-là ont pu être mis sur le marché.
Dans leur cas, le lien est établi avec la consommation de ces pizzas.
Il est peut-être encore un peu tôt pour l'affirmer. Ce que nous sollicitons, c'est l'ouverture d'une information judiciaire. Une enquête est ouverte à Paris qui est organisée par le procureur de la République de Paris. Il faut qu'un juge d'instruction puisse être désigné pour faire toutes les investigations nécessaires dans cette affaire : les perquisitions, les auditions, les expertises. Le temps joue contre nous. Il y a un risque de dépérissement des preuves et effectivement, il faut que la justice aille vite.
Vous avez déposé plusieurs plaintes ?
Plusieurs plaintes ont été déposées, d'autres sont à venir. Des plaintes pour blessures involontaires et peut-être pour les parents qui ont perdu des enfants, des plaintes pour homicide involontaire.
Cette enquête consistera à établir les responsabilités ?
Exactement. Quand on voit le reportage qui a été fait par vos collègues de RMC et le témoignage accablant d'un ancien salarié qui décrit des conditions absolument déplorables d'hygiène concernant une usine du Nord [à Caudry]. Je crois qu'il y a des vérifications à faire.
Nestlé dit que cela ne reflète pas les conditions d'hygiène de l'usine au quotidien...
Des déclarations et des photographies montrent que, manifestement, il y a eu une violation totale de toute la réglementation en matière d'hygiène et de sécurité. Encore une fois, c'est à la justice de le prouver et de le démontrer. C'est pour ça qu'il faut aller vite.
Comment sont contrôlées ces chaînes dans une usine qui fabrique ce genre de pizza ?
Il peut y avoir des protocoles internes qui doivent vérifier qu'effectivement, toutes les mesures sont prises en matière d'hygiène. Cela peut commencer par se laver les mains en permanence. Des protocoles qui vont jusqu'au respect de la chaîne du froid, avec toute une série de normes en termes de réglementations nationales et européennes qui doivent être scrupuleusement respectées. La question qui se pose au regard de ses témoignages qui ont pu déjà être reproduits, c'est de savoir si un, de tels protocoles ont été mis en œuvre et si deux, encore plus grave, ils ont été mis en œuvre et ils n'ont pas été respectés.
Ce qui est certain, c'est que si effectivement, il y a une violation de la réglementation hygiène et sécurité. Si l'usine ou les usines de production étaient totalement insalubres avec de la moisissure sur les murs, des vers sur les tapis où se trouvaient des pizzas, des cigarettes dans les sauces, etc. Il y aura une chaîne de responsabilité pénale et les dirigeants qui étaient au courant puisque manifestement, des alertes ont été émises vis-à-vis de ces dirigeants, ces dirigeants-là devront être traduits en justice avec une responsabilité pénale très lourde.
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