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Scandale des œufs contaminés : "Qu'il y ait des fraudes, c'est évident" déplore Yannick Jadot

Pour l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot, la crise des œufs contaminés n'est qu'une des conséquences des "conditions d’élevage" d'un "modèle agricole" qui "tue les paysans et abîme l’environnement".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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 Yannick Jadot, eurodéputé écologiste, le 30 mars 2017. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

La crise des œufs contaminés au fipronil a commencé à avoir des conséquences en France, et notamment dans les supermarchés. Selon le ministère de l'Agriculture, interrogé par franceinfo, des produits à base d'œufs issus des élevages contaminés, comme des gâteaux, des pâtes ou des brioches, ont commencé à être retirés des grandes surfaces par précaution.

"Qu'il y ait des fraudes, c'est évident", a dénoncé samedi 11 août sur franceinfo Yannick Jadot, eurodéputé écologiste. "Malheureusement, on consomme trop peu localement en France", a-t-il également regretté. En effet, "on a en France des paysans merveilleux qui font un travail remarquable", a-t-il souligné. Ceux-ci "n’utilisent pas de produits interdits" et "mettent les poules dans de bonnes conditions", a-t-il ajouté. "D’où l’aberration d’aller chercher, pour un ou deux centimes d’économies, les œufs dans des pays où l’élevage est catastrophique", s'est-il indigné.

franceinfo : Depuis le début de cette affaire, le ministère de l’Agriculture est catégorique, il n'y a aucun risque pour le consommateur, et en même temps, il fait retirer des produits par précaution, est-ce que c’est la bonne méthode ?

Yannick Jadot : Non, on l’a vu depuis Tchernobyl, nous ne sommes pas dans un espace fermé. Malheureusement, on consomme trop peu localement en France. On voit donc bien que ce système d’élevage très intensif, très industriel, très intégré, joue des frontières et de la protection des consommateurs, de la protection de la santé, pour un centime, pour deux centimes, c’est évidemment cela qu’il faut changer.

De son côté, la filière œuf se défend en expliquant qu’elle est quasi-autonome et qu’elle importe très peu ?

Effectivement, on a une capacité à fournir le marché français et c’est une bonne nouvelle. D’où toujours l’aberration d’aller chercher pour un ou deux centimes d’économies les œufs dans des pays où l’élevage est catastrophique. Je parle des Pays-Bas notamment. Ces crises vont évidemment se répéter parce que mettre autant de poules dans une telle promiscuité finit par détruire leur défense immunitaire. On finit par les blinder d’antibiotiques. On les arrose de pesticides. Dès qu’il y a une crise sanitaire, on les massacre par millions. Cela ne peut pas être notre modèle agricole parce que ça tue les paysans et ça ne peut pas être notre modèle d’alimentation. Cela abîme notre organisme comme cela abîme l’environnement.

Et tout est parti de l’emploi d’un insecticide interdit. L’enquête se poursuit pour déterminer les responsables, est-ce qu’on arrivera à les trouver ?

Qu’il y ait des fraudes, c’est évident. C’est d’abord une bonne chose que l’Union européenne ait interdit le fipronil qui contient des perturbateurs endocriniens, donc c’est une saloperie pour la santé. Il y aura toujours des fraudes dans n’importe quel système. Mais vous favorisez la fraude à partir du moment où, encore une fois, vous créez les conditions d’élevage qui mettent les animaux dans de telles conditions terrifiantes que vous êtes obligé de leur injecter des produits en permanence. On ne peut pas rester dans ce système-là. Il n’y a pas de fatalité. Vous avez en France, comme en dehors de la France, des producteurs d’œufs absolument responsables qui n’utilisent pas de produits interdits, qui mettent les poules dans de bonnes conditions, que ce soit le bio, ou que ce soit l’agriculture paysanne, ces éleveurs fournissent des œufs de qualité, et c’est cela notre responsabilité politique.

Certaines agences européennes de santé n’ont-elles pas fermé les yeux sur ces exploitations qui utilisent cet insecticide interdit ?

Vous avez raison et vous allez voir qu’on va découvrir que des sociétés sont allées ou ont tenté de vendre du fipronil en France. Malheureusement, les agences sur la sécurité sanitaire, le plus souvent, sont un peu gangrénées par les lobbys qui font en sorte que l’État n’interprète pas les recommandations des agences ou que les agences tardent à avertir les autorités. Il faut donc un contrôle européen beaucoup plus indépendant en supprimant tous les conflits d’intérêts. Il faut surtout une volonté de sortir de ce modèle agricole. A cause de ce modèle agricole, vous avez la moitié des paysans qui vivent avec moins de 350 euros par mois. Cela tue les paysans et abîme l’environnement. Cela abîme notre organisme et ça fait une bouffe qui est dégueulasse. On a en France des paysans merveilleux qui font un travail remarquable. La responsabilité revient aux politiques, mais aussi aux consommateurs. C’est à nous de choisir et de privilégier la production locale.

Yannick Jadot : "C’est d’abord une bonne chose que l’Union européenne ait interdit le fipronil qui contient des perturbateurs endocriniens, donc c’est une saloperie pour la santé".

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