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Interview du PDG de Lactalis aux Echos : il y a "des zones d'ombres qui restent", dénonce Foodwatch France

Karine Jacquemart, la directrice générale de Foodwatch France, a demandé mercredi sur franceinfo, "des explications" à Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis, qui a indiqué "ne pouvoir exclure" que des bébés aient consommé du lait contaminé entre 2005 et 2017.

Article rédigé par franceinfo
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Le PDG du groupe Lactalis a évalué à "des centaines de millions d'euros" le coût pour son groupe de la récente crise du lait contaminé aux salmonelles. (DAMIEN MEYER / AFP)

Lactalis "ne peut pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé" entre 2005 et 2017, puisque la salmonelle agona "responsable des problèmes" est "la même que celle de 2005", déclare le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier dans une interview aux Echos publiée jeudi 1er février. Pour Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France, interrogée sur franceinfo, des "zones d'ombres" ne sont toutefois pas éclaircies.

Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis annonce la fermeture définitive de la tour de séchage numéro 1 à Craon en Mayenne. Est-ce une décision suffisante ?

Karine Jacquemart : C'est surtout très incomplet, Lactalis nous a habitués à donner des informations au compte-goutte. Emmanuel Besnier reconnaît qu'il ne peut pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé depuis 2005, mais c'est ce que dénonce Foodwatch et l'association des victimes depuis le mois de décembre. On a sur notre site internet une lettre datée du 12 décembre 2017 adressée à Emmanuel Besnier au nom de tous les consommateurs que l'on représente. Il n'y a pas répondu. Nous voulions savoir, depuis que Lactalis a acheté cette usine en 2006, quelles mesures avaient été prises. On n'apprend rien avec son interview, si ce n'est que ça va coûter des millions d'euros, mais si les choses avaient été gérées dès le début, on n'en serait pas là. Emmanuel Besnier n'en serait pas là non plus, et je rappelle que c'est une obligation légale au regard de la réglementation européenne et de la loi française, que Lactalis, en tant que producteur, s'assure de ne pas commercialiser des produits dangereux pour la santé.

Selon vous, s'il y a eu des contaminations en 2005, c'est qu'il y a eu un déficit de contrôle ?

C'est ce que l'on soupçonne et ce que l'on dénonce. On pose ces questions à la fois à Lactalis, aux autorités publiques et aux services de l'État depuis le 12 décembre. Il y a eu plus de 140 cas d'enfants contaminés aux salmonelloses en 2005 suite effectivement à une contamination avec la même bactérie. C'est l'institut Pasteur qui nous le dit. Lactalis a racheté cette usine en 2006, sachant qu'il y avait un risque avéré puisqu'il y avait un précédent. Quelles mesures de contrôle ont été prises par les services de l'État et par l'entreprise ? C'est le black-out absolu, ce sont des zones d'ombre qui restent à ce jour. L'histoire n'a pas commencé en décembre 2017. Il faut regarder la responsabilité de l'entreprise depuis qu'elle a racheté cette usine à risque et ce qu'elle a mis en œuvre. Il faut faire toute la lumière sur cette affaire pour savoir si Lactalis a rempli toutes ses obligations.

La crise ne concerne pas que la France car Lactalis exporte dans de nombreux pays ?

On est très inquiets à Foodwatch pour les 84 autres pays où Lactalis exporte ses produits. Là-bas, on ne sait pas comment se passent les rappels ou combien de nourrissons ont pu consommer ces produits. Ce que des milliers de consommateurs et des parents souhaitent, c'est qu'Emmanuel Besnier rende des comptes. Lactalis est le premier responsable, les distributeurs ont leurs responsabilités mais Lactalis est le producteur qui a la responsabilité de ne pas commercialiser des produits dangereux pour la santé. Il doit tout mettre en œuvre pour s'en assurer. Cela n'a pas été le cas depuis 2005 c'est quand même aberrant. C'est très grave, c'est très sérieux. Ce que l'on demande aux dirigeants de Lactalis c'est qu'ils s'expliquent. Il faut une analyse complète de la situation et des recommandations qui soient à la hauteur des enjeux et qui permettent d'assurer la sécurité sanitaire des aliments.

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