Huiles minérales suspectées d'être cancérogènes dans l'alimentation : "Les industriels sont tout à fait au courant" mais "ils n'agissent pas", dénonce Foodwatch
Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch, estime sur franceinfo que les États "doivent ensemble prendre la décision d'interdire ce type de contamination dans notre alimentation."
L'ONG Foodwatch alerte sur la présence d'huiles minérales suspectées d'être cancérogènes dans certains produits alimentaires. Dérivées des hydrocarbures, ces huiles minérales viennent des encres de l'emballage, de la colle, mais aussi de l'entretien des machines de production. "Les industriels sont tout à fait au courant", mais "ils n'agissent pas", a regretté jeudi 9 décembre sur franceinfo Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch. Sur 152 produits dans plusieurs pays européens, un produit alimentaire sur huit testés contient des huiles minérales toxiques.
franceinfo : Pourquoi n'êtes-vous pas entendu alors que vous dénoncez ces contaminations depuis si longtemps ?
Camille Dorioz : On fait ce qu'on demande, c'est zéro tolérance dans toute l'alimentation, parce qu'il faut être très clair, les autorités sanitaires ne transigent pas sur ces huiles minérales. Elles disent qu'aucune dose n'est acceptable dans l'alimentation aujourd'hui. Il n'y a aucune remise en cause de la dangerosité de ce type de produit. C'est potentiellement cancérigène, potentiellement mutagène et potentiellement perturbateur endocrinien. Même les industriels ont publié des rapports qui proposent des alternatives pour éviter des contaminations. Mais il n'y a pas d'interdiction de vendre des produits qui seraient contaminés. Il n'y a pas d'obligation à tester, à vérifier, qui pèse sur les industriels. Les industriels sont tout à fait au courant. Les industriels savent cette contamination. Ils la connaissent et pourtant, ils n'agissent pas. Et du coup, c'est vraiment aux États de réglementer aujourd'hui.
De quels moyens disposez-vous pour faire bouger les choses ?
On continue de faire des tests qui sont possibles parce qu'on est financé directement par les consommateurs qui nous permettent de faire ces tests. Donc, on continuera à en faire tant que les industriels et les États ne se sont pas engagés.
"On appelle tout le monde à venir signer cette pétition qui cible l'intégralité des pays de l'Union européenne parce que, certes, la décision est européenne, mais elle dépend surtout des États."
Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatchà franceinfo
Elle dépend de tous les États d'Europe qui doivent ensemble prendre la décision d'interdire ce type de contamination dans notre alimentation.
Avez-vous plaidé votre cause en France ?
Oui, nous avons plaidé notre cause en France. On échange beaucoup avec les autorités sanitaires, la DGCCRF qui s'occupe de tous les contrôles et travaille énormément sur le sujet. Mais on sait qu'il faudra une portée politique. Il y a la présidence française de l'UE qui se dessine. Ce type de contamination de l'alimentation doit être aussi une priorité de la présidence française de l'UE. Elle doit l'utiliser pour l'interdire.
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