Gaspillage alimentaire : le député Guillaume Garot plaide pour la fin des dates de péremption pour les produits non périssables
Déjà auteur d'une loi en 2016, le député de Mayenne annonce qu'il va déposer la semaine prochaine une nouvelle proposition de loi. Il défend "l'éducation alimentaire" à l'école, la "prime à l'assiette vide" et demande plus de contrôles de l'État sur la qualité des invendus donnés aux associations.
"Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que pour les produits secs, pas périssables, il n'y ait plus ces dates de péremption mais uniquement une date de fabrication", a indiqué, vendredi 16 octobre sur franceinfo, Guillaume Garot, député PS de Mayenne et auteur de la loi Garot (2016) contre le gaspillage alimentaire. En ce cette journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire, le député va déposer la semaine prochaine une nouvelle proposition de loi.
Vous voulez en finir avec la date de durabilité minimale pour un produit, le fameux "À consommer de préférence" et non pas la date limite de consommation (qui est un indicateur sanitaire). Vous n'en voulez plus pour quels produits ?
Les pâtes, le riz... Par exemple. Comme ça se fait aujourd'hui sur le sel ou le sucre. Sur votre paquet de sucre, il n'y a pas de date de péremption parce que ce sont des produits avec une durée de vie très longue.
Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est qu'on puisse lever certains blocages, des blocages psychologiques.
Guillaume Garot, député PS de Mayenneà franceinfo
Lorsqu'on voit une date sur un produit, on se dit : "Ah! Au-delà de la date, je pourrais plus consommer le produit", ce qui est faux pour ces produits secs, pas périssables. Ce que je demande au gouvernement français, c'est de porter au plan européen - parce que c'est une réglementation européenne - cette idée que, pour certains produits qui ne sont pas périssables, qui sont des produits secs, il n'y ait plus ces dates de péremption. Mais qu'il y ait uniquement une date de fabrication, de telle sorte qu'on laisse un repère au consommateur. Encore une fois, je fais une distinction, bien évidemment, entre les produits secs qui sont soumis à une date de durabilité minimale et les produits frais qui sont là, soumis à une date limite consommation pour des raisons sanitaires qu'il faut évidemment suivre, parce que c'est la santé de chacun qui est qui est en jeu.
Est-ce que vous pensez qu'il y a une question de responsabilisation et d'éducation pour le consommateur afin qu'il ne jette pas un produit dès que la date de durabilité minimale arrive ?
Tout à fait. Et c'est le second volet qu'il faut vraiment mettre en œuvre aujourd'hui. C'est l'idée d'une véritable éducation à l'alimentation. Aujourd'hui, ça se fait dans certaines classes à l'école et dans certains établissements qui ont un projet autour de l'éducation à l'alimentation. Mais ce n'est pas obligatoire.
Ce que je souhaite, c'est qu'on rende obligatoire à l'école, sur le temps scolaire, donc dans les programmes, cette éducation à l'alimentation pour donner à chaque enfant de France des repères pour sa nutrition, pour ses comportements d'achat, des repères vis-à-vis de l'environnement.
Guillaume Garotà franceinfo
Parce que ça concerne aussi la santé de la planète. Et puis à travers l'alimentation, il y a une valeur qui est culturelle. C'est une valeur patrimoniale. C'est une valeur aussi historique pour notre pays. Il y a beaucoup de choses qui se jouent autour de l'éducation à l'alimentation, dont la lutte contre le gaspillage alimentaire. Et c'est dès l'école qu'on doit transmettre ses repères et ses valeurs-là.
Vous évoquez aussi un dispositif qui serait la prime à l'assiette vide dans les Restos U, c'est-à-dire ?
C'est tout simple. Si on veut être éducatif tout au long de l'enfance et de la jeunesse, il faut qu'on change des comportements. L'idée même de ramener son plateau vide, ça veut dire qu'on a terminé son assiette et donc il faudrait que ça puisse donner droit à un encouragement. Ce que j'appelle la prime à l'assiette vide, ce serait par exemple des repas qui seraient ensuite gratuits ou une réduction sur le prix du repas. C'est une façon extrêmement concrète de changer et de s'habituer à des nouveaux comportements plus respectueux vis-à-vis de son alimentation : moins jeter, mieux consommer. C'est une façon d'être plus responsable.
Dans cette nouvelle proposition de loi, vous réclamez aussi plus de contrôle par rapport à votre loi de 2016 ?
Exactement. Cette loi avait un principe : on ne jette plus de la nourriture consommable avec cette disposition qui oblige les grandes surfaces à donner leurs invendus aux associations de solidarité plutôt que de les jeter. Tout le monde est pour et aujourd'hui, de nombreuses grandes surfaces le font. Toutefois, les dons qui sont donnés ne sont pas toujours de bonne qualité et donc c'est là-dessus qu'il faut un contrôle par l'État beaucoup plus strict. Parce qu'aujourd'hui, force est de constater que ces contrôles ne se font pas vraiment. Donc, moi, ce que je souhaite, c'est qu'il y ait une véritable police du gaspillage au sens de contrôle public fort. Ça veut dire que les agents de l'État - qui sont compétents sur la répression des fraudes ou sur les prescriptions d'hygiène alimentaire - seraient chargés de cette mission de lutte contre le gaspillage alimentaire, en particulier sur le don des invendus - et la qualité de ces dons - des grandes surfaces aux associations de solidarité. [*Tous les ans en France, 10 millions de tonnes de denrées alimentaires sont gaspillées : un tiers dans notre consommation quotidienne et un autre tiers à la production.]
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