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"C'est six euros pour 15 kilos !": les budgets serrés franciliens raffolent des patates à prix coûtant d'un couple d'agriculteurs nordistes

Virginie et Jérémy font le voyage jusqu'en Ile-de-France pour vendre leurs pommes de terre à prix coûtant depuis le premier confinement. Une manière d'écouler les stocks plus rapidement et de répondre à une vraie demande, à l'heure des budgets serrés et des fins de mois difficile.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un des ouvriers agricoles de Virginie aide les clients à charger les pommes de terre dans leur voiture (FARIDA NOUAR / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Ce matin-là, sur un parking de Fontenay-le-Fleury, dans les Yvelines, Ali, un habitué, repart avec son coffre chargé de trente kilos de pommes de terre. "Elles sont très très bonnes, sourit-il. Cela coûte cher en magasin : 7 euros pour 5 kilos ! Là, c'est 6 euros pour 15 kilos !" Claude succède à Ali, et c’est la première fois qu’il vient. Il ne prendra qu’un seul filet : "Cela suffit, on est que deux, hein !, souligne-t-il, amusé. En fait, j'ai vu sur Facebook qu'il y avait un marchand de pommes de terre qui venait du Nord et qu'il les vendait six euros les quinze kilos. Donc je me suis dit : j'y vais ! Depuis 20 ans que je suis en retraite, j'ai pas eu un sou d'augmentation, alors…"

L’idée est née lors du premier confinement

Les pommes de terres variété Fontane de Virginie et Jérémy, un couple d'agriculteurs nordistes, poussent à 300 km de là, à Houtkerque dans les Flandres. Il y a deux ans, au premier confinement avec les friteries et les restaurants fermés, le couple se retrouve avec sa récolte sur les bras, mais avec la ferme intention de ne pas jeter le stock. Aussi, Virginie décide avec son mari de le vendre à prix coûtant et c’est un succès : deux ans plus tard, ils continuent leurs allers-retours car il existe un réel besoin, à l’heure du pouvoir d’achat en berne d’un grand nombre de Français. "Lors du premier confinement, ces gens sont venus vers nous pour acheter nos pommes de terre pour nous soutenir, explique Virginie. On ne les lâche pas et on veut aussi leur dire merci ! C'est important pour nous d'être là pour eux, aujourd'hui, parce que leur situation n'a pas beaucoup évolué et c'est toujours aussi difficile pour tout le monde. "

"Il y a dix minutes de cela, une dame m'a pris deux sacs et m'a remerciée en me disant que grâce à nous, elle allait pouvoir manger un peu plus. Cela touche de se dire qu'on peut aider des gens qui qui ont un petit peu de mal à la fin du mois."

Virginie

à franceinfo

"Là, il s'agissait d'une retraitée, poursuit-elle, mais cela concerne aussi les familles nombreuses, les actifs, les jeunes." "C’est hyper solidaire et ce n’est pas rare que des gens partagent l’information sur les réseaux sociaux pour nous envoyer du monde : les gens s’entraident !", souligne Virginie.

Miguel, justement, charge trois sacs de patates dans sa camionnette. "J’en prends aussi pour des amis, explique-t-il. Parce qu’à ce prix-là, on en profite !" Souvent, les habitués offrent des cafés, des gâteaux à Virginie et sa petite équipe. Les voitures défilent et sur les palettes il ne reste plus beaucoup de filets : le couple a écoulé dix tonnes de pommes de terre. Aussi, pour Igor et Catherine, venus eux-aussi chercher leurs patates, ce soir, ce sera galette de pommes de terre à la polonaise. A prix coûtant, donc, mais aussi, insiste Igor… avec plaisir.

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