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"Avec ce taux-là, on ne permet pas de réduire la contamination" : les autorités sanitaires alertent sur les taux de cadmium dans les sols et les engrais

Pour réduire les conséquences sur notre santé, le ministère de l'Agriculture propose de réduire la teneur en cadmium dans les engrais, mais cette baisse reste insuffisante, par rapport aux recommandations des autorités sanitaires.
Article rédigé par Thomas Giraudeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le cadmium est notamment présent dans le blé dur. Image d'illustration. (FREDERIC LECOCQ / MAXPPP)

C'est un métal cancérigène, présent dans nos sols, dans certains engrais et in fine nos assiettes, et peu connu du grand public : le cadmium. La France autorise aujourd'hui l'utilisation d'engrais contenant jusqu'à 60 mg de cadmium par kilo. C'est trois fois plus que ce que conseille l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour éviter de polluer davantage les sols. 

Dans une consultation publique, qui se termine jeudi 30 novembre, le ministère de l'Agriculture propose un décret pour baisser le plafond actuel, mais il reste au-dessus des recommandations des autorités sanitaires. "Avec ce taux-là, on ne permet pas de réduire la contamination", affirme le docteur Jean-Loup Mouysset, cancérologue et membre de Santé Environnement France, une association de professionnels médicaux qui alerte sur les méfaits de ce métal (source en anglais). "On sait déjà depuis plus de 30 ans que le cadmium est connu pour être toxique au niveau osseux, au niveau des reins, au niveau du foie. Parce qu'il se fixe à des protéines qui sont présentes surtout au niveau des reins et du foie. Il va favoriser la déminéralisation des os."

"Il a un effet cancérigène sur tous les organes, notamment le pancréas. Enfin, c'est un perturbateur endocrinien, ce qui favorise les cancers comme celui de la prostate et du sein."

Jean-Loup Mouysset, cancérologue et membre de Santé Environnement France

à franceinfo

Et nous sommes nombreux en France à avoir trop de cadmium dans notre corps : quasiment un adulte sur deux et un enfant sur cinq dépassent les seuils définis par l'Agence de sécurité sanitaire. A titre de comparaison, les Américains sont moins contaminés.

La nourriture, facteur important de contamination

La cigarette est le premier facteur de contamination au cadmium, mais derrière arrive ce que nous mangeons. Les pâtes, la semoule, les céréales du petit-déjeuner notamment, posent problème parce qu'elles sont riches en blé dur, explique Thibault Sterckeman, spécialiste de la pollution des sols à l'Inrae, l'Institut national de la recherche agronomique : "Toutes les plantes ont des capacités variables d'accumulation du cadmium, et d'autres éléments. On sait que le blé dur a tendance à en accumuler, à en absorber un peu plus que d'autres céréales. Le riz aussi accumule bien le cadmium."

Sans compter les pommes de terre, les carottes, les panais. Difficile d'échapper à ce métal cancérigène ! D'autant plus qu'avant même l'arrivée des engrais, certains de nos sols calcaires contiennent déjà naturellement du cadmium. Les terres sont, aussi, encore aujourd'hui contaminées par les rejets des industries du passé, ceux des usines du siècle dernier. 

"Il faut réduire les apports par les engrais, arrêter d'en mettre dans les sols. Et même si on arrête, on réduit, c'est ce qu'il va se passer probablement. Il y aura toujours un stock qui va continuer à être absorbé par les plantes."

Thibault Sterckeman, spécialiste de la pollution des sols à l'Inrae

à franceinfo

"Donc en attendant que cette réserve s'épuise, et cela va prendre du temps, il vaut mieux cultiver des plantes qui en accumulent moins", ajoute-t-il. Des recherches sont actuellement menées, notamment sur le blé. 

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