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Affaires Buitoni et Kinder : les rayons chocolats et pizzas surgelées boudés par les consommateurs

Les cas de contaminations à la bactérie E.Coli et à la salmonellose ont abîmé l'image de ces deux marques. franceinfo s'est rendu dans un supermarché de Toulouse où les ventes ont récemment dégringolé. Et cela ne se limite pas aux produits des groupes Nestlé et Ferrero.

Article rédigé par Hugo Charpentier, Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un rayon dédié aux chocolats de Pâques dans un supermarché de Nice (Alpes-Maritimes), le 5 avril 2022. (FRANTZ BOUTON / MAXPPP)

Comme souvent après le boulot, Mathieu fait ses courses, et dans le caddy de ce Toulousain, ni pizza surgelé, ni chocolat Kinder : "Absolument pas ! D'une part parce que j'en mange très peu et d'un autre côté, à cause de l'actualité, j'en mangerai encore moins." L'actualité c'est la contamination avérée de 50 personnes par la bactérie E.Coli après avoir consommé des pizzas de la marque Buitoni. Des perquisitions ont eu lieu, mercredi 13 avril, dans une usine du Nord et au siège de Nestlé. De son côté, Kinder a recensé 150 cas de salmonellose dans neuf pays européens dont la France.

>> Rappels de chocolats Kinder : cinq questions sur les cas de salmonellose recensés en France

Mathieu n'est visiblement pas le seul à être influencé par ces scandales sanitaires, même si les industriels ont annoncé le rappel des produits concernés. Dans le rayon surgelé de cet Intermarché toulousain, les frigos sont remplis de pizzas. Mais les clients sont rares, déplore Philippe Leclerc, le directeur du magasin : "Il n'y a personne et on voit bien que les ventes ont baissé". Les pizzas surgelées dans leur ensemble se vendent moitié moins "depuis l'événement", précise-t-il. "C'est à dire qu'en mars 2021, on en a vendu 1 000 à peu près. Là, on est sur 500."

Une vague de peur chez les consommateurs

Mais pas d'inquiétude ajoute le patron : ces pizzas surgelées se conserveront encore très longtemps. Le gros problème pour ce professionnel se trouve de l'autre côté du magasin, au rayon chocolat. La marque Kinder est mise à mal, raconte Philippe Leclerc : "Le gros coup dur, c'est quand même Kinder avec du chocolat à cette période de l'année. Ça tombe trois semaines avant Pâques, c'est vraiment exceptionnel."

"Kinder et Ferrero sont quand même des mastodontes. C'est 50% des ventes de chocolats de Pâques, ça nous enlève la moitié de nos références."

Philippe Leclerc, directeur de magasin Intermarché

à franceinfo

Même pour les produits qui restent dans les rayons, les ventent sont en baisse. Certains consommateurs ont perdu confiance. "Cette année, c'est vrai qu'avec ce qui se passe en ce moment, ça donne pas trop envie d'acheter, confie une cliente. Mon père a acheté des Kinder maxi, ce n'est pas les lots concernés, mais on n'en a pas trop mangé. Ça fait un peu peur". Une autre cliente abonde : "En ce moment j'hésite. Pour Pâques, on va faire la chasse aux œufs mais là, j'ai un peu peur. J'essaie de trouver une autre marque."

D'autres y voient un côté positif. Pour Matthieu, ces scandales au sein de l'industrie agroalimentaire peuvent inciter les consommateurs à mieux manger : "On a déjà suffisamment de mauvaises choses dans nos assiettes.Si les gens peuvent se rendre compte que des pizzas surgelées, ce n'est pas forcément bon. Si ça permet de moins en consommer, c'est bien, et de consommer du frais."

Le risque de la disparition de la marque

Selon Florian Silnicki, expert en communication de crise et président de l'agence LaFrenchCom, Buitoni, qui devait bientôt fêter ses 200 ans, a mal géré la communication dans ce scandale sanitaire : "Lorsqu'on parle de victimes, notamment des enfants, ça appelle une réponse incarnée au plus haut niveau de l'entreprise. Or, ici, on n'a pas entendu le PDG prendre la parole."

"Une marque qui gère aussi maladroitement la crise qu'elle traverse peut durablement abîmer le lien de confiance avec ses consommateurs et donc disparaître. Il n'y a plus de produits suffisamment forts pour échapper à cette règle".

Florian Silnicki, expert en communication

à franceinfo

Un danger pour le leader Buitoni, avec près d'un tiers du marché des pizzas surgelées, mais aussi pour les autres marques. Picard l'a compris et devance les questions à grand renfort de messages rassurants. "Une crise comme celle qui est traversée par Buitoni, on l'a vu avec le scandale de la viande de cheval, par exemple, c'est nécessairement un scandale qui éclabousse tout le secteur, analyse Florian Silnicki. Au-delà des lasagnes, tous les produits qui contenaient de la sauce tomate et de la viande hachée ont durablement souffert de la crise de la viande de cheval." 

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