Accouchement sur l'A20 : l'éloignement de la maternité ne serait pas seul en cause
La mort d'un nouveau-né dans le Lot, sur une aire d'autoroute, ne serait pas due uniquement à l'absence de service obstétrique proche du domicile de la mère.
SANTE – La tournure malheureuse de l'accouchement a ému la classe politique et les Français. Vendredi, une femme a perdu son nourrisson alors qu'elle venait d'accoucher sur une aire d'autoroute du Lot. Elle faisait route vers Brive-la-Gaillarde (Corrèze), à plus d'une heure de son domicile, faute de maternité plus proche.
L'histoire a immédiatement relancé le débat sur les déserts médicaux. A raison ? L'enquête administrative, lancée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, répondra à cette question. Mais déjà, lundi 22 octobre, plusieurs éléments connus soulèvent des interrogations.
Une grossesse à risque
Selon des informations recueillies par Le Figaro et Le Journal du dimanche, la femme de 35 ans devait accoucher en décembre. L'enfant était donc "très prématuré", comme l'a confié la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Sa grossesse avait été difficile, la femme étant passée par une période d’alitement de plusieurs semaines, d'après une de ses amies, citée par Le Figaro. Le poids du bébé était, lui, anormalement bas, "bien en-dessous des courbes normales", note Le Journal du dimanche.
Un service de néonatalogie trop éloigné
La femme, qui habite le village de Lacapelle-Marival, a consulté un gynécologue, le matin, à 20 kilomètres de son domicile, à Figeac (Lot). Le médecin a alors conseillé au couple de prendre la route pour la maternité de Brive (Corrèze), qui avait été choisie comme lieu d'accouchement. Un service de néonatalogie réputé pour sa prise en charge des grossesses difficiles, notamment en ce qui concerne la naissance de prématurés.
Mais comme l'explique Le Figaro, d'autres établissements hospitaliers plus proches auraient tout autant pu accueillir la patiente. Le quotidien cite ainsi la maternité de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), située à quarante minutes de voiture de Figeac. En cas d'urgence, l'hôpital de Figeac aurait aussi pu la prendre en charge.
La voiture plutôt qu'une ambulance
Le couple a donc choisi de prendre la voiture pour aller à Brive (Corrèze), ville située à 105 km de Figeac. Or, l’état de santé de la mère et de l’enfant était déjà "très mauvais" au moment du départ, affirme Le Journal du dimanche. Pour un spécialiste des interventions médicales, cité dans Le Figaro, le couple a fait "un choix peu judicieux". Ils auraient en effet pu partir en transport médicalisé, étant donnée la santé de la patiente et de l'enfant.
Un accouchement imprévu ?
Du côté de la maternité de Brive, l'étonnement domine, rapporte le quotidien régional Le Populaire. "Nous n’avons reçu aucune information sur l'arrivée de cette jeune Lotoise à l’hôpital. Ni le service de gynécologie obstétrique, ni celui des urgences, ni le Samu…", confie en effet le personnel.
La communication est visiblement mal passée entre les professionnels de santé. C'est en tout cas sur ce point que Marisol Touraine s'est interrogée, samedi : "Cette femme, qui avait manifestement une grossesse à risques, a-t-elle été prise en charge dans de bonnes conditions ?" Mais selon l'amie de la patiente, citée dans Le Figaro, "[son] compagnon assure que le gynécologue n'a commis aucune erreur", évoquant ainsi un accouchement arrivé bien plus vite que prévu.
Pour Israël Nisand, chef du pôle gynécologique obstétrique du CHU de Strasbourg, interrogé sur Europe1.fr, ce drame n'aurait de toute manière pas pu être évité, même avec une maternité plus proche. Pour lui, "il n'y a aucun lien" avec l'absence d'établissements plus proches. Et d'ajouter qu'"il y aura toujours des circonstances comme celle-là, même si on mettait tous les cinq kilomètres une maternité avec réanimation pédiatrique".
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