Rwanda : revivre après le génocide
Elise Lucet : Merci Jean-Paul.
Au Rwanda, commémoration des 20 ans du génocide qui a provoqué la mort de 800.000 personnes d'avril à juillet 1994. La situation est très tendue entre le président Kagame et la France. Gérard Grizbec est en direct de Kigali. Gérard, bonjour. Ce matin, nouvelle crispation. Le seul représentant français qui devait assister aux cérémonies a été déclaré persona non grata.
Gérard Grizbec.
On va voir comment la population a pu surmonter, ou pas, ce génocide. Le pardon est difficile, surtout pour les Tutsis, décimés en masse. Rescapés et bourreaux arrivent parfois à vivre dans le même village, dans un esprit de réconciliation.
Il faut remuer la terre chaque jour pour bien profiter de la saison des pluies. C'est le meilleur moment pour faire pousser haricots et maïs. Le Rwanda peut se prévaloir de beaux succès dans le domaine agricole. Dans ce village de Mbyo, au sud du pays, la performance est autre. Non seulement Hutus et Tutsis cohabitent 20 ans après le génocide, mais tueurs et rescapés vivent et travaillent ensemble. Au regard de la loi, Mathias a payé sa dette. Il a fait 10 ans de prison et a demandé pardon avant d'être libéré.
On nous avait demandé de tuer tous les Tutsis. On a pris des lances et des machettes. J'ai tué 6 personnes de mes propres mains :2 femmes et 4 enfants. C'était une famille de pasteur que je connaissais bien. En massacrant les Tutsis, on savait parfaitement ce qu'on faisait. On disait beaucoup qu'on était ivres au moment des faits. C'est faux, on était parfaitement lucides.
Le village existe depuis 10 ans. Chacun a appris a connaître l'autre. Peu à peu, les haines se sont apaisées. Chaque famille a été victime ou bourreau au moment du génocide. L'artisanat est une autre source de revenus. Les uns et les autres travaillent ensemble.
Mon père et ma mère ont été tués par balles, mes oncles et mes tantes à la machette.
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