Vainqueur de 14 éditions, Rafael Nadal éliminé dès le premier tour par Alexander Zverev pour son possible dernier match à Roland-Garros
C'était le match à ne pas manquer, peut-être déjà celui de la quinzaine porte d'Auteuil : celui du retour du roi, Rafael Nadal, sur la terre battue parisienne. Deux ans après son 14e sacre, et après de longs mois de blessure, l'Espagnol retrouvait son jardin parisien, lundi 27 mai, au premier tour. Mais le retour a tourné court, sur le Philippe-Chatrier.
Pas épargné par le tirage au sort, le Majorquin avait rendez-vous avec une montagne : Alexander Zverev, numéro 4 mondial. "J'aurais préféré avoir ce genre de match un peu plus tard dans le tournoi", avait d'ailleurs avoué Rafael Nadal, conscient qu'il serait difficile de freiner l'Allemand, récent vainqueur à Rome. Mais il n'y aura pas de "plus tard" dans ce tournoi pour Rafael Nadal, battu en trois sets (6-3, 7-6 [7-5], 6-3), malgré le soutien inconditionnel du public parisien.
Un volcan sous la pluie
Après trois heures et cinq minutes de combat, quand tout le public s'est levé comme un seul homme pour ovationner Rafael Nadal sur la première balle de match d'Alexander Zverev, il fallait avoir un cœur de pierre pour ne pas sentir l'émotion du moment.
Aux quatre coins du Philippe-Chatrier a alors soufflé un vent qui mêlait nostalgie, gratitude et amour, avant même qu'Alexander Zverev ne conclut la rencontre sur une faute directe de l'Espagnol. L'Allemand qui, avec classe, a écourté son protocole d'après match pour mieux laisser la place au vaincu.
“Je ne sais pas quoi dire, honnêtement. Merci Rafa, c’est un grand honneur pour moi. J’ai été chanceux de t'affronter deux fois sur ce court magnifique. Aujourd’hui, ce n’est pas mon jour, c’est le moment de Rafa."
Alexander Zverev
Bien que battu pour la première fois de sa carrière au premier tour de Roland-Garros (pour sa 19e participation), Rafael Nadal a en effet été le grand vainqueur du jour. Sous le toit du court central, déployé en ce lundi très pluvieux, le Majorquin a provoqué la naissance d'un volcan par sa simple présence.
Sur les coups de 15 heures, à l'annonce de son palmarès, le Chatrier et ses tribunes débordantes ont rugi. Les places valaient chères, dans cette rencontre aux allures de finale, et considérée comme telle par l'organisation avec un système de suraccréditation inédit à ce stade de la compétition.
Dans cette arène entièrement acquise à sa cause, Rafael Nadal a pourtant manqué son entrée. Breaké d'entrée, le roi de la porte d'Auteuil a couru après ce retard, en vain, pendant tout le premier set perdu 6-3, devant un public qui masquait son inquiétude par d'innombrables chants.
Les "Allez Rafa, t'es à la maison ici", "Vamos el Patator !" et autres "Viva Espana" sont descendus des tribunes, mais n'ont pas suffi à combler l'écart physique entre Alexander Zverev et Rafael Nadal. Les roucoulements des quelques pigeons du Chatrier commençaient même à se faire entendre, avant que le sursaut d'orgueil du champion ne réveille les travées. Inconstant dans le premier set, l'Espagnol a en effet réglé la mire dans le deuxième pour entretenir la flamme.
L'espoir, puis l'émotion
Le poing serré, rageur, face à un public qui célébrait chacun de ses points comme un but vainqueur en finale de coupe du monde de foot, l'Espagnol s'est accroché jusqu'au tie-break dans le deuxième set. On l'a même vu célébrer des jeux de services comme des balles de set. Dans ce contexte, Alexander Zverev (pas sifflé par un public certes pro-Nadal, mais respectueux) a toutefois réussi à remporter le deuxième set (7-6).
En breakant d'entrée dans le troisième, Rafael Nadal a tout fait pour entretenir ce vent de folie. Mais Alexander Zverev n'est pas un adversaire en paille, et l'Allemand, remobilisé, a laissé passer la tempête avant de contre-attaquer.
Le numéro 4 mondial a empoché trois jeux de rang pour débreaker puis breaker l'Espagnol, passant de 2-3 à 5-3 en quelques minutes, sous les applaudissements de son adversaire, auteur d'une grande prestation, mais encore un cran en dessous. Le public avait alors compris.
Il était l'heure pour les 15 000 chanceux de se lever et de scander le nom de leur héros, Rafael Nadal, dans un dernier jeu anecdotique, venu concrétiser la victoire d'Alexander Zverev (6-3, 7-6 [7-5], 6-3). Debout pendant de longues minutes, le public - dont faisait partie Carlos Alcaraz, Novak Djokovic ou encore Iga Swiatek - a applaudi de longues minutes. Ici et là, les larmes ont coulé, mais pas sur le visage de Rafael Nadal.
Car si cette rencontre avait tous les traits d'un adieu, Rafael Nadal a refusé de le formuler, à l'issue de la rencontre : "J'ai du mal à parler... Je ne sais pas si c'était la dernière fois que je parlais devant vous, mais si c'était la dernière fois, je veux profiter du moment. C'est le tournoi que j'aime le plus au monde. (...) Il y a un fort pourcentage pour que je ne revienne jamais ici, mais je ne peux pas le dire. Peut-être que dans deux mois je dirai que c'est fini, mais j'ai d'autres objectifs, comme les Jeux olympiques ici". Le rendez-vous est pris pour le 27 juillet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.