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Roland-Garros 2023 : tension, matière, exigences de joueurs... Dans les coulisses des maîtres des cordages

Dans l'ombre, les cordeurs de raquette doivent composer avec les demandes très précises des joueurs. Face à l'importance accrue du cordage dans le tennis moderne, ils n'ont pas le droit à l'erreur.
Article rédigé par Emmanuel Rupied, franceinfo: sport - à Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Daniel Altmaier face à Jannick Sinner lors du deuxième tour de Roland-Garros, le 1er juin 2023. (FRANK MOLTER / DPA)

Il est près de quinze heures, jeudi 1er juin, quand un jeune homme fait irruption avec une raquette à la main dans l'atelier des cordeurs de Roland-Garros, situé sous le court n°2. Daniel Altmaier vient d'égaliser à un set partout face à Jannik Sinner, tête de série numéro 8, lors du deuxième tour.

Gaël Chevalier, l'un des deux cordeurs français cette année porte d'Auteuil, s'est occupé des outils de travail de l'Allemand la veille. De nouveau, il doit s'en charger. En 15 minutes chrono, la raquette repart sur le Suzanne-Lenglen, comme neuve.

La science du cordage

Le cordage est un élément essentiel pour les tennismen, du dimanche comme professionnels. En moyenne, au plus haut niveau, la tension s'élève autour de 22 kilos contre 25 pour les amateurs. "Une tension importante va apporter du contrôle et une durée de vie plus importante. À l'inverse, sur une tension plus faible, la corde a plus de souplesse et permet une meilleure prise d'effets et de la puissance", explique Chevalier, qui en est à son 11e Roland-Garros. 

Gaël Chevalier en plein travail pour corder la raquette de Daniel Altmaier, le 1er juin 2023, à Roland-Garros. (Emmanuel Rupied / Franceinfo :sport)

Certains professionnels explorent des contrées inexploitées. À Roland-Garros, cette année, les cordages vont de 9 à 40 kilos. Le Français Adrian Mannarino fait partie des "extrémistes". Récemment éliminé au premier tour de Roland-Garros, le joueur de 34 ans tend ses raquettes autour de 10 kilos. "Le cordage est alors comme un élastique, une fois que tu l'as tendu, il va partir tout seul", explique Stéphane Houdet, ex-numéro un mondial de tennis-fauteuil, qui connaît bien le Francilien car il s'est lui même laissé convaincre par son compatriote à la suite d'une blessure. "J'ai descendu ma tension à 19-20 kilos puis à 12 kilos. Très rapidement, tu gagnes un mètre en longueur. Quand tu as réglé le problème du contrôle, c'est fabuleux."

Un contrôle difficilement atteignable avec une faible tension pour les joueurs peu expérimentés. Moins la tension est importante, plus il faut être capable de centrer la balle dans la raquette pour pouvoir la remettre dans le court. Une solution d'équilibre peut alors être recherchée en changeant le type de cordes posées.

L'empire des sens

Plus résistants, les cordages hybrides sont désormais majoritaires alors qu'auparavant le tout boyaux était la norme sur les raquettes. Une évolution qui accompagne un mouvement global de quête de puissance au fil des ans. "Il y a une évolution du jeu, ça joue beaucoup plus fort et les gars sont aussi beaucoup plus pointus par rapport à leur matériel. On voit l'évolution avec les joueurs du top 50-100 qui se mettent au diapason du top 10", explique Chevalier.

"Andy Murray joue avec la même raquette depuis toujours. La marque avait décidé de changer la couleur mais quand il l'a testée, il a tout de suite vu la différence. La peinture déposée a certainement modifié la structure. Quand ils ont voulu repeindre la nouvelle raquette, rien n'y a fait, malgré leur caractère identique. En deux frappes de balle, il a su qu'il s'agissait toujours de la nouvelle."

Arnaud Clément, ancien n°10 mondial

à franceinfo: sport

En presque dix ans, le nombre de raquettes cordées durant le Majeur parisien a ainsi explosé. Pour 3 000 cordages changés à la fin des années 2000, l'édition 2023 devrait ainsi atteindre près du double (6 500) pour les 21 cordeurs à pied d'oeuvre. La sensibilité a aussi évolué chez beaucoup. "La tension doit toujours être la même pour ces joueurs. La météo joue aussi, ils vont s'adapter en permanence, peaufiner, jusqu'à trouver leur réglage parfait", expose notre consultant, Arnaud Clément.

Ce réglage idoine, Daniel Altmaier l'a certainement trouvé sur la raquette que finit tout juste Gaël Chevalier. Avec son arme fraîchement cordée, l'Allemand de 24 ans a fait ployer l'Italien, numéro 9 mondial, en 5h26 de jeu et cinq sets (6-7 [7-0],7-6 [7-9],1-6,7-6 [7-4], 7-5) pour se hisser au troisième tour de Roland-Garros.

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