Roland-Garros 2023 : pourquoi le forfait de Rafael Nadal était attendu
La décision était redoutée mais inéluctable. Vainqueur de 14 titres à Roland-Garros, Rafael Nadal a annoncé, jeudi 18 mai, son forfait pour le deuxième tournoi du Grand Chelem de la saison. Une première depuis 2005, puisque l'Espagnol a été de toutes les éditions sans exception. Il n'y a renoncé qu'une fois depuis le début de son règne, à l'aube de son troisième tour en 2016, à la suite d'une blessure au poignet et espère encore y participer l'an prochain pour ce qui serait "probablement la dernière saison de [sa] carrière". Franceinfo: sport vous explique pourquoi son forfait était prévisible.
Parce qu'il est blessé depuis des mois
À 36 ans, Rafael Nadal subit le poids des ans au plus haut niveau. Depuis l'été dernier, il cumule plusieurs blessures importantes, dont il n'arrive pas à se défaire. D'abord, le syndrome de Müller-Weiss, une maladie dégénérative et incurable qui se caractérise par la déformation d'un des os du pied, en l'occurrence son pied gauche. S'il souffre de ce mal chronique depuis ses 18 ans, la nécrose de son pied a refait surface en 2021 et s'est intensifiée en 2022, l'obligeant à jouer sous infiltration à Roland-Garros, jusqu'à sa finale victorieuse.
Deux jours après avoir remporté son quatorzième titre Porte d'Auteuil, Rafael Nadal rentre en Espagne en béquilles. Il suit à Barcelone un "traitement par radiofréquence pulsée" qui endort "les nerfs dans la région de la blessure dont il souffre", précisait alors son porte-parole. Ce nouveau traitement a pour objectif d'atténuer la douleur du Majorquin.
Quelques semaines plus tard, son corps émet une nouvelle alerte à Wimbledon, cette fois aux abdominaux. Une déchirure abdominale le contraint à déclarer forfait avant sa demi-finale face à l'Australien Nick Kyrgios. Mais le sort s'acharne. Présent pour Cincinnati, l'US Open, Paris-Bercy ainsi que le Masters, il est fortement diminué à l'Open d'Australie. Battu au deuxième tour par l'Américain MacDonald McKenzie, le Majorquin annonce le lendemain souffrir d'une lésion du deuxième degré du muscle ilio-psoas de la jambe gauche. Si la durée de récupération normale est de six à huit semaines, l'Espagnol ne récupère pas aussi vite que prévu.
Parce qu'il n'a fait que repousser son retour
Depuis son dernier match à Melbourne le 18 janvier, Rafael Nadal n'a plus joué sur le circuit ATP. S'il a directement tiré un trait sur la tournée américaine, il voulait revenir pour le début de la saison sur terre battue. Il reprend alors les entraînements sur ocre en mars et publie sur ses réseaux sociaux des photos encourageantes et rassurantes de ce retour sur terre.
Mais début avril, il doit repousser son retour et ne se présente pas à Monte-Carlo : "Je ne suis pas encore prêt à concourir au plus haut niveau, je ne pourrai pas jouer dans l'un des tournois les plus importants de ma carrière, Monte-Carlo", annonce-t-il sur ses réseaux sociaux, le 4 avril. Dix jours plus tard, il déclare forfait à Barcelone, Madrid puis Rome. Mais la plus dure des décisions a bien été celle de renoncer aux Internationaux de France, jeudi.
Parce qu'une vidéo d'un entraînement n'a pas rassuré sur son état de forme
Roland-Garros approchant, les questions autour de la forme physique de l'Espagnol ont commencé à devenir de plus en plus récurrentes et inquiétantes. Mais la vidéo d'un entraînement de Rafael Nadal, filmé à son issu le 11 mai dernier, et postée sur les réseaux sociaux, est vite devenue virale. On y voit Rafael Nadal, dans son académie de Manacor (Majorque), sur un court aux côtés de ses entraîneurs, mains sur les genoux et tête baissée, pendant plusieurs secondes. De quoi affoler la planète de la petite balle jaune à un peu plus de deux semaines de Roland-Garros.
Parce que Roland-Garros est le tournoi le plus exigeant sur le circuit
Le Grand chelem parisien est unique à plus d'un titre, mais surtout il s'agit d'un "tournoi physiquement exigeant", comme l'admettait Novak Djokovic en 2016. La vitesse des balles, ralentie par la terre, empêche l'enchaînement service-coup gagnant. C'est pourquoi le jeu sur terre battue impose une excellente condition physique pour tenir sur la longueur des échanges, au rythme d'un match tous les deux jours pendant deux semaines pour le vainqueur. Jusqu'à cette année, jamais Rafael Nadal ne s'était présenté à Roland-Garros sans avoir participé à au moins un tournoi sur terre auparavant.
Une absence dans les tournois pas rédhibitoire selon Arnaud Clément, consultant pour franceinfo: sport, qui estime qu'il "aurait pu jouer plus ou moins prêt à Roland-Garros. Même sans avoir joué de tournois, s'il l'avait senti, il se serait aligné sans aucun problème. S'il n'a pas pu, c'est que son problème est forcément important. Cela va prolonger les doutes pour la suite". Des doutes qui commencent dès aujourd'hui.
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