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Roland-Garros 2022 : l'apprentissage continue pour Mathilde Ngijol-Carré, 14 ans, grand espoir du tennis français

Pour sa seconde participation au tableau juniors porte d'Auteuil, la Française de 14 ans, grand espoir du tennis français, a montré qu'elle avait encore du chemin à faire. Mais la gagnante des Petits As 2021 compte bien aller très haut.

Article rédigé par franceinfo: sport - Anaïs Brosseau, envoyée spéciale à Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La Française Mathilde Ngijol-Carré lors de son deuxième tour au tournoi de Roland-Garros juniors, le 31 mai 2022. (CLEMENT MAHOUDEAU / FFT)

Une défaite sèche en 1h05 de jeu. Le parcours de Mathilde Ngijol-Carré a pris fin sur le court n°6, au deuxième tour du tableau juniors de Roland-Garros, mardi 31 mai. La tête de série n°13, la Tchèque Nikola Bartunkova, d'un an et demi son aînée (16 ans contre 14), l'a largement emporté (6-2, 6-2).

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La Française n'a guère montré de signe de frustration, si ce n'est ce coup droit rageur après l'annonce d'une dernière balle faute. Malgré son jeune âge, son entourage l'assure : l'adolescente fait preuve d'une grande maturité. "Mathilde, c'est la force tranquille. Calme, posée mais qui sait parfaitement où elle va, résume Alexandre Danion, son agent. Elle peut sembler très tranquille sur un court. En réalité, elle a une détermination incroyable. Seulement, elle ne le montre pas comme les autres en criant ou en jouant avec le public."

Les propos de l'intéressée confirment cette description. Au sortir de son match, Mathilde Ngijol-Carré a analysé avec lucidité ce revers et s'est tournée vers l'avenir. "J'ai bien mieux joué que lundi. J'ai davantage lâché mes frappes. Mais je lui ai donné beaucoup trop de points gratuits, sans même qu'elle ne me pousse à la faute. Il faut que je continue de travailler pour trouver de la stabilité et de la régularité", a déclaré celle qui a remporté en septembre 2021 le tournoi des Petits As. C'est la première fois depuis 1984 qu'une Française gagne ce championnat du monde officieux qui fait référence chez les moins de 14 ans. Elle succède notamment à des championnes comme Martina Hingis, Kim Clijsters, Jelena Ostapenko ou encore Bianca Andreescu.

Une première victoire qui lui fait "honte"

Invitée par Roland-Garros pour la deuxième année consécutive, Mathilde Ngijol-Carré s'est imposée au premier tour face à une autre "wild card", la Brésilienne Olivia Carneiro (6-3, 7-5), sa première victoire porte d'Auteuil. Pour autant, l'heure était à l'autocritique. "Ça m'a fait super plaisir de gagner ici, mais j'ai fait un très mauvais match, regrettait-elle. Je m'en suis sortie car je pense que j'étais meilleure qu'elle. L'ambiance était incroyable, le public m'a ovationnée, mais moi, j'avais honte de mon niveau de jeu."

Espoir du tennis français, la joueuse longiligne, nièce de l'humoriste Thomas Ngijol, se distingue par un parcours qui se construit loin du giron fédéral, contrairement à nombre de jeunes pousses. Ses parents ont réfléchi à un nouveau système pour leur fille après que la Fédération française de tennis lui a attribué trois entraîneurs différents en un an, au cours de sa 13e année. L'espoir tricolore s'est donc envolée en août 2021 vers l'Espagne pour prendre ses quartiers au sein de la BTT, une académie à Barcelone cofondée par Francisco Roig, un des membres du staff de Rafael Nadal.

"Ils se sont demandé s'il n'était pas temps de voir autre chose. L'académie BTT est peut-être moins sexy que celle de Rafael Nadal ou de Patrick Mouratoglou, mais on y bosse aussi beaucoup, avec une vraie culture espagnole, rappelle Alexandre Danion. Cette expérience l'a fait grandir et évoluer."

"En France, je stagnais un peu. La fédération représente une des options, mais ce n'est pas la seule. J'ai eu envie de tester l'international."

Mathilde Ngijol-Carré, joueuse de tennis française

à franceinfo: sport

"On a envisagé les Etats-Unis, mais ça faisait loin par rapport à la famille, se rappelle la Francilienne. En Espagne, je peux m'entraîner tous les jours dehors, et les conditions sont idéales pour moi car j'aime jouer sur terre battue."

Conquise par la "mentalité espagnole"

Hébergée par une famille d'accueil, elle jongle entre trois langues : le français, notamment pour ses cours à distance, l'anglais sur les courts, et l'espagnol, qu'elle "comprend" mais ne maîtrise pas encore. Loin de ses proches, Mathilde Ngijol-Carré dit avoir gagné "en maturité" sur le plan personnel et en solidité au niveau physique, grâce à des entraînements plus longs et plus intenses. "La mentalité espagnole est positive. On cherche à te pousser, à te faire travailler dur. Il y a beaucoup de répétitions. En m'entraînant dehors, je m'habitue à jouer quelles que soient les conditions de vent ou de soleil", illustre-t-elle. 

En dehors des courts, la championne a signé de nouveaux partenariats, et se familiarise aux échanges avec les médias, une obligation pour toute joueuse du circuit. Elle brille déjà dans cet exercice, faisant preuve d'aisance face à un micro ou une caméra. "Elle a découvert les sollicitations médiatiques aux Petits As. A la fin de la semaine, elle a même reconnu apprécier cela, glisse son agent. C'était un bon test à vivre avant des tournois comme Roland-Garros." 

Des blessures qui la freinent

Selon Alexandre Danion, Mathilde Ngijol-Carré n'est pas de celles à se laisser dépasser par les victoires de prestige. "Elle a engrangé de la confiance et non pas de la pression négative. Grâce à ses parents, elle a les pieds sur terre. Elle sait très bien qu'elle est très loin d'être arrivée", affirme-t-il.  

Sur sa lancée des Petits As, Mathilde Ngijol-Carré a d'ailleurs enchaîné le mois suivant avec deux titres sur des tournois juniors de niveau 4 (le plus faible), de quoi engranger des points importants. Cependant, une succession de blessures – au poignet puis aux abdominaux – a freiné sa progression. "J'ai recommencé à servir à l'entraînement seulement une semaine avant Roland-Garros. Je n'ai pas eu la préparation de mes rêves, donc pas non plus le résultat de mes rêves ici", a résumé la 140e joueuse au classement mondial des juniors. 

L'adolescente a désormais les yeux rivés sur la suite. Si son corps le lui permet, elle espère s'aligner sur une série de tournois juniors pour monter dans la hiérarchie, puis toquer à la porte du circuit professionnel. Elle entend entrer dans le tableau du prochain Roland-Garros juniors à la faveur de son classement, et en tant que tête de série. 

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