Roland-Garros 2022 : jouer sur terre battue, qu’est-ce que ça change ?
La saison sur terre battue a pour point culminant le tournoi du Grand Chelem de Roland-Garros, qui débute dimanche.
Depuis début avril, les joueurs et les joueuses du circuit foulent la terre battue, avec en ligne de mire Roland-Garros, qui commence dimanche 22 mai. Cette surface ocre, particulièrement exigeante physiquement et mentalement, impose une préparation bien spécifique pour y développer son jeu.
Pourquoi ? Contrairement aux autres surfaces – le dur ou l'herbe – la terre battue ralentit la vitesse de la balle et amplifie les effets. Conséquence : les points sont plus longs à construire, et donc à gagner, tout en sollicitant davantage l'organisme.
La terre battue, une surface exigeante
"La terre battue est une surface exigeante sur le plan physique, où les points sont beaucoup plus longs, et où il faut développer plus de patience pour les construire", explique Justine Hénin, quadruple vainqueure porte d'Auteuil. Le travail d'endurance est donc d'autant plus important sur terre pour tenir la cadence.
Cette longueur dans les échanges a aussi une incidence sur le mental : "Quand vous êtes dans un échange plus long, il faut être plus fort dans la tête et plus patient par rapport à des joueurs qui, par exemple, ont l'habitude de jouer en deux ou trois coups de raquette sur dur. Car, sur terre, c'est moins efficace", analyse la consultante de France Télévisions.
Là encore, cette approche mentale spécifique se prépare en amont et tout au long de la saison sur ocre, d'autant plus avant Roland-Garros où chez les hommes, les matchs se déroulent en trois sets gagnants. C'est notamment pour ces raisons que "Roland-Garros est peut-être le Grand chelem le plus dur à gagner", avance Michaël Llodra, triple vainqueur de Grand Chelem en double, et consultant de France Télévisions.
Les muscles davantage sollicités
Outre l'endurance mentale et physique, la terre battue impose à certains muscles un travail différent des autres surfaces. Sur terre par exemple, les balles rebondissent plus haut, ce qui force les joueurs à les frapper au-dessus de l'épaule. Et ce n'est pas le seul changement : "À la différence du gazon ou du dur, il est nécessaire d'effectuer un travail de préparation musculaire propre à la terre battue, notamment sur les adducteurs et les épaules, qui sont très sollicités", précise Justine Hénin. Comme les échanges durent plus longtemps, muscles et tendons sont soumis à rude épreuve.
"Pour les joueurs qui n'utilisent pas beaucoup les glissades, c'est beaucoup plus dur de trouver les bons appuis et de pouvoir redémarrer de manière explosive", poursuit Justine Hénin. "Au début de la saison, tu as mal aux adducteurs et aux ischios, confirme Michaël Llodra. Il faut donc prendre le temps de retrouver ces automatismes, du volume de jeu et de créer plus de variations."
"Les premières semaines sur terre servent à préparer et à se réacclimater au style de jeu propre à la terre."
Michaël Llodra, triple vainqueur de Grand chelem en doubleà franceinfo: sport
Trouver ses marques, le rythme sur cette surface et prendre confiance, tout cela nécessiste du temps, du moins en théorie. "Parfois, je suis très surprise du peu de transition qu'il y a pour certains joueurs et joueuses. En dessous de 15 jours d'entraînements pour passer du dur à la terre, ça me parait très peu", estime Justine Hénin avant de conclure : "Dans mon cas, je prenais idéalement trois semaines, car je savais que j'avais besoin de ce temps-là. Car tout ne se travaille pas en match. Il faut trouver le bon équilibre. Et la transition sur terre est assez complexe."
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