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Roland-Garros 2021 : roi déchu, Français à la dérive, nouvelles têtes... Le bilan de la quinzaine

L’élimination de Rafael Nadal, la disette historique des Français, un tableau féminin inattendu : retour sur les faits marquants de cette édition 2021 de Roland-Garros.

Article rédigé par Théo Gicquel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
Rafael Nadal a été éliminé en demi-finale de l'édition 2021 de Roland-Garros. (MARTIN BUREAU / AFP)

La 120e édition des Internationaux de France de Roland-Garros a fermé ses portes, dimanche 13 juin. Entre la chute inattendue du roi Nadal, la déception chez les Français en simple hommes, la montée en régime du tennis grec et une finale imprévisible chez les dames, le tout avec le retour du public, retour sur quinze jours intenses sur les courts de la porte d'Auteuil.

Le roi est tombé… et il y a des prétendants au trône

C'est un séisme comme Roland-Garros en a si peu l'habitude : Rafael Nadal est tombé. Cette 58e joute, vendredi 11 juin, en demi-finale entre l'Espagnol et Novak Djokovic est à ranger directement au panthéon du tournoi, et c'est le Serbe qui en est sorti vainqueur après un match d'un niveau de jeu époustouflant. Le roi de l'ocre est désormais tombé trois fois à Roland-Garros (en 108 matchs), et donc deux fois par le même homme. Ils ne sont que deux à avoir battu l'Espagnol à Paris : Robin Söderling et Novak Djokovic. Le Serbe l'a réussi à deux reprises, et cette fois, il est allé au bout en s'offrant un deuxième titre à Paris. Il avait subi les foudres de l'Espagnol l'an dernier, mais il a prouvé cette fois qu'il est bien le seul à pouvoir faire tomber le Majorquin à Paris.

Mais il n'est pas (tout à fait) le seul : Diego Schwartzman a pris un set à Nadal, et l'a également poussé dans ses retranchements. Dans l'autre partie du tableau, Stefanos Tsitsipas, défait en cinq sets en finale, est en passe de prendre le costume de Dominic Thiem comme l'outsider n°1 sur terre battue hors du trio Nadal-Djokovic-Federer. Alexander Zverev a encore passé un cap en atteignant le dernier carré, et sa régularité devrait l'emmener un jour sur le Central pour le troisième dimanche de la quinzaine. Éreinté, vidé, Nadal a terminé sur les rotules comme on l'avait rarement vu. Personne ne supposera l'amorce d'un déclin du Majorquin. Mais à 35 ans, le roi a de moins en moins de marge sur ses vassaux à Paris.

Les meilleurs moments du match Rafael Nadal - Novak Djokovic
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Des Français décevants… sauf en juniors et en double

C'est l'autre fait marquant de la quinzaine : les Français engagés en simples hommes et femmes ont subi une hémorragie incontrôlable d'éliminations lors des deux premiers tours. Les 28 prétendants ont tous été balayés avant le troisième tour, ce qui n'était jamais arrivé dans l'ère Open. Fiona Ferro (51e mondiale) et Gaël Monfils (15e), les deux têtes de proue tricolores, n'ont pas pu porter sur leurs épaules tous les espoirs d'un tennis français à un carrefour des générations.

Mais tout n'est pas à jeter pour autant. Si le bilan comptable en simple est catastrophique, ce n'est pas le cas de celui des courts annexes, éloignés des regards et de l'attention médiatique. Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut ont été sacrés pour la deuxième fois en double à Paris, alors que Lucas Van Assche a remporté le tournoi Juniors où figuraient quatre Français en demi-finales. Le tennis français devra faire son introspection, mais son réservoir lui permet de ne jamais repartir totalement de zéro.

VIDÉO. Roland-Garros 2021 : revivez les moments forts de la qualification de Rafael Nadal face à Richard Gasquet
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Federer, un retour en pointillé

Même à 39 ans, c'est toujours une immense sensation de retrouver Roger Federer sur la terre battue parisienne. Le Suisse, qui n'était venu qu'une seule fois depuis 2015 (en 2019, défaite en demi-finale), se fait de plus en plus rare à Paris. Toujours aussi apprécié du public, le Maître a fait trois petits tours avant de lâcher l'affaire. Un parcours crescendo avec une entrée en matière limpide face à Denis Istomin (6-2, 6-4, 6-3), un set perdu face à Marin Cilic (6-2, 2-6, 7-6, 6-2) puis un combat plus qu'inattendu face au bagarreur Dominik Koepfer (7-6, 6-7, 7-6, 7-5) terminé dans la nuit.

De quoi éreinter le presque quadragénaire, qui a pris une décision critiquable mais compréhensible : jeter l'éponge à la veille de son huitième de finale face à Matteo Berrettini, alors que l'attendaient ensuite potentiellement Novak Djokovic puis Rafael Nadal. Federer, qui vise au compte-gouttes ses chances de Grand Chelem désormais, a préféré arrêter les frais afin de viser une 21e couronne en Majeur à Wimbledon. Il pourrait reprendre l'avantage sur Nadal, qui a raté une occasion en or de le dépasser pour la première fois.

Les meilleurs moments du match Federer - Cilic
Les meilleurs moments du match Federer - Cilic Les meilleurs moments du match Federer - Cilic

Musetti, Koepfer, Struff, Sinner : la belle quinzaine des Italiens et des Allemands

Lorenzo Musetti, Dominik Koepfer, Jan-Lennard Struff et Jannik Sinner : ils ne sont pas les noms les plus ronflants, pourtant ce sont bien eux qui ont bousculé les favoris lors de cette édition 2021. Le premier a fait vaciller Novak Djokovic en lui prenant deux sets, le deuxième a poussé Roger Federer dans ses retranchements, le troisième a éliminé d'entrée le n°7 mondial Andrey Rublev, un des gros outsiders au dernier carré, et le dernier a rejoint les huitièmes de finale pour la deuxième fois de suite à seulement 19 ans.

Parmi ces surprises, c'est le tennis italien qui a le plus mis en lumière son renouveau : Musetti et Sinner donc, mais également Marco Cecchinato, défait en cinq sets par Musetti au troisième tour, et Matteo Berrettini, 9e mondial, s'est fait respecter en arrachant une manche à Djokovic en quarts de finale. Le tennis allemand a pu, lui, compter comme à son habitude sur Alexander Zverev, demi-finaliste. Mais ses compatriotes n'ont pas été en reste en bousculant la hiérarchie en compagnie de l'infatigable Philip Kohlschreiber, qui a sorti l'épouvantail de ce tournoi Aslan Karatsev, tête de série n°24 avant de subir la loi de Diego Schwartzman au 3e tour. L'Argentin s'est ensuite offert Jan-Lennard Struff en 8e de finale.

Les meilleurs moments du match Novak Djokovic - Lorenzo Musetti
Les meilleurs moments du match Novak Djokovic - Lorenzo Musetti Les meilleurs moments du match Novak Djokovic - Lorenzo Musetti

L'éclosion du tennis grec

La perspective d'avoir un Grec pour la première fois en finale d'un Grand Chelem n'avait rien de farfelue étant donné le niveau affiché par Stefanos Tsitsipas depuis le début de saison. Le 5e mondial a tenu son rang en ralliant sa première finale de Majeur à seulement 22 ans, devenant le plus jeune finaliste en Grand Chelem depuis Andy Murray à l'Open d'Australie 2010.

Mais il a été accompagné dans le tableau féminin par un talent que l'on n'attendait pas à ce niveau : Maria Sakkari. La Grecque, qui n'avait passé que deux fois le troisième tour en Grand Chelem depuis 2016, a profité à merveille du désert des têtes de série du top 10 pour s'immiscer dans le dernier carré, du jamais vu pour la Grèce avec deux représentants la même année. À respectivement 22 et 25 ans, Tsitsipas et Sakkari sont déjà plus qu'une promesse pour l'avenir.

Les meilleurs moments de Stefanos Tsitsipas - Alexander Zverev
Les meilleurs moments de Stefanos Tsitsipas - Alexander Zverev Les meilleurs moments de Stefanos Tsitsipas - Alexander Zverev

Un tableau féminin toujours aussi imprévisible

Certains y voient la fameuse glorieuse incertitude du sport, d'autres un manque criant de stars depuis la retraite de Maria Sharapova en 2020 et les difficultés de Serena Williams à glaner depuis 2017 le dernier Grand Chelem qui lui manque pour dépasser les 23 de Margaret Smith Court. Outre le forfait de Simona Halep (n°3 mondiale), celui de Naomi Osaka (n°2) avant son deuxième tour, puis l'abandon d'Ashleigh Barty (n°1), les défaites se sont accumulées à grande vitesse pour les favorites : Bianca Andreescu (n°7) au premier tour, Karolina Pliskova (n°10) et Belinda Bencic (n°11) au deuxième, Elina Svitolina (n°6) et Aryna Sabalenka (n°3) au troisième, Serena Williams (n°8) et Sofia Kenin (n°5) en huitièmes et enfin la tenante du titre Iga Swiatek (n°9) en quarts.

Un scénario presque ubuesque, avec une seule membre du top 10 présente en quarts de finale. Si le public a logiquement du mal à s'énamourer de joueuses presque inconnues, cette fébrilité a permis l'éclosion de talents, comme Jelena Ostapenko (victorieuse en 2017), Marketa Vondrousova (finaliste en 2020) et Barbora Krejcikova, vainqueur samedi de son premier Grand Chelem.

Les meilleurs moments de la finale dames Barbora Krejcikova - Anastasia Pavlyuchenkova
Les meilleurs moments de la finale dames Barbora Krejcikova - Anastasia Pavlyuchenkova Les meilleurs moments de la finale dames Barbora Krejcikova - Anastasia Pavlyuchenkova

Un public revigoré… et de plus en plus nombreux

Avec une jauge située à 5 000 personnes pour l'ensemble de l'enceinte lors des dix premiers jours, les tribunes de Roland-Garros ont été encore clairsemées lors de cette édition. La night-session, qui se téléscopait avec l'heure du couvre-feu à 21 heures jusqu'au 9 juin, a proposé de tristes ambiances pour des matchs censés être les affiches de la journée. Le 9 juin, les 5 000 privilégiés ont pu enfin donner de la voix jusqu'à 23h pour le quart de finale entre Novak Djokovic et Matteo Berrettini.

Point d'orgue de cette situation incongrue : la demi-finale homérique entre Rafael Nadal et le Serbe vendredi, où l'organisation du tournoi est parvenue, dans les dernières minutes avant 23 heures, à obtenir une dérogation, sans laquelle le public et les joueurs auraient été privés de la fin d'un match qui fera date. Le retour à la vie d'avant a également atteint Roland-Garros, qui retrouve progressivement la ferveur qui l'accompagnait jusqu'en 2020.

1/2 finale : l'interview de Gilles Moretton qui a arraché la dérogation pour le maintien du public
1/2 finale : l'interview de Gilles Moretton qui a arraché la dérogation pour le maintien du public 1/2 finale : l'interview de Gilles Moretton qui a arraché la dérogation pour le maintien du public

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