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L'Amérique dans la tempête : Harris et Trump, le sprint final

À moins de deux semaines de l’élection présidentielle américaine, quelle est la stratégie des candidats ? Quels sont les derniers événements de la campagne ? L'analyse des correspondants des Médias francophones publics (MFP) dans le 11e épisode de cette saison 2 de Washington d'ici.
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle Kamala Harris monte sur scène lors d'un meeting de campagne à Clarkston, en Géorgie, le 24 octobre 2024. (DREW ANGERER / AFP)

C'est la dernière ligne droite. Il reste un peu moins de deux semaines avant l'élection américaine qui sera sans doute la plus serrée de l'histoire moderne des sondages, chaque vote compte. Donald Trump et Kamala Harris partent frénétiquement à la chasse aux électeurs qui restent. La candidate démocrate à une stratégie classique, élargir sa coalition électorale, Donald Trump, lui, multiplie les propos choc qui font le tour du web. Deux campagnes, deux ambiances. Mais finalement qu'est-ce qui fera la différence dans cette dernière ligne droite ?

Kamala Haris, la challenger comme elle se présente, s'est entourée de Barack Obama et de Bruce Springsteen pour son meeting en Géorgie. "C'est un des États clés qu'elle doit absolument remporter", explique Fréderic Arnould, de Radio Canada. Lors de ce meeting à Atlanta, "les gens attendaient avec beaucoup d'impatience." Pendant son discours de 30 minutes, Kamala Harris a parlé de l'accès à l'avortement. "Elle sait que c'est un cheval de bataille qu'il faut continuer d'arnacher parce que ça semble avoir un écho à travers les populations et les femmes. On voit vraiment une division dans les campagnes", estime Frédéric Arnould. La candidate a rappelé que c'est à cause de Donald Trump si les femmes n'ont plus un accès à l'avortement dans une vingtaine d'États. "Elle en parle comme si c'était quelque chose qui la touchait profondément et je la trouve particulièrement convaincante sur ce sujet", ajoute Sébastien Paour, de franceinfo.

L'électorat afro-américain, un pilier

"Environ 20 % des hommes noirs disent avoir l'intention de voter pour Donald Trump notamment parce qu'ils le pensent plus qualifiés sur les questions économiques et d'ailleurs notamment des jeunes noirs", explique Sonia Dridi, de la RTBF.

Kamala Harris est bien consciente que c'est très important et que c'est une difficulté pour elle. C'est pour cette raison qu'elle a annoncé des mesures économiques destinées spécifiquement aux hommes noirs, notamment un million de prêts pour les entrepreneurs noirs ou encore des formations.

Élargissement de la coalition électorale

D'ancien membres des administrations, Bush, Regan et même Trump, disent que ce n'est pas possible de voter pour Donald Trump parce qu'il est sans limite désormais, c'est aussi ce que dit Kamala Harris, explique Guillaume Naudin, de RFI. "Ce qu'elle a dit, qu'il était sans tabou et qu'on ne pourrait pas le contrôler."

Kamala Harris enchaîne les événements avec Liz Cheney, un duo assez improbable. "C'est l'ancienne élue républicaine la plus détestée, c'est la fille de l'ancien vice-président Dick Cheney et elle soutient Harris", explique Sébastien Paour, de franceinfo. "C'est une des ennemis jurés de Trump. Maintenant, elle fait campagne avec Harris dans cette élection et est avec elle sur scène."

La stratégie de Donald Trump

Donald Trump les moments étranges, comme lorsqu'il a arrêté de prendre des questions lors d'un meeting pour passer sa playlist Spotify et il se met à danser. "Évidemment la campagne démocrate en profite pour dire que c'est quelqu'un d'instable, qui est sénile. Ils s'en donnent à cœur joie puisque Trump a attaqué Biden sur son âge. C'est une séquence assez étrange que les Républicains qui soutiennent encore Trump en coulisse ont eu du mal à défendre", estime Sonia Dridi, de la RTBF.

Donald Trump fait également preuve de vulgarité : "Il faut donc dire à Kamala Harris que vous en avez assez, que vous n'en pouvez plus. Nous ne pouvons pas te supporter. Tu es une vice-présidente de merde. La pire. Tu es la pire vice-présidente. Kamala, tu es virée. Sors d'ici. Tu es virée. (...) Elle est extrêmement fainéante. Elle a cette réputation. C'est une folle radicale de gauche."

Vulgarité, sénilité, il y a des doutes sur ses compétences cognitives. "Il perd quand même un petit peu parfois les pédales. Il est clairement devenu le Biden qu'on avait dans l'affiche précédente. C'est lui le plus vieux maintenant. Il a 78 ans", estime Sébastien Paour de franceinfo. Il fait aussi des insultes fascistes marxistes, et déclare qu'il aurait aimé avoir un général comme celui d'Hitler. "Tout cela est très très inquiétant." Mais on a l'impression que cela ne choque plus aux États-Unis. "Quand on en parle à ses supporters, ils disent : "Oui, il parle d'ennemis du peuple, de nazis, mais c'est comme le reste, il ne le fera pas, il fait juste ça pour faire réagir." Mais quand on connaît Donald Trump, "on sait que c'est du domaine du possible", insiste Sonia Dridi. "C'est la stratégie de Donald Trump. Il pense que c'est comme cela qu'il faut booster l'électorat, mobiliser. Il veut vraiment mobiliser les masses", poursuit Sonia Dridi.

Le podcast se termine par des discussions sur les perspectives d'une victoire pour Harris, la possibilité de retards dans la proclamation des résultats, et l'ambiance générale d'incertitude et de tension entourant l'élection.

"Washington d'ici" est un podcast des médias francophones publics. Deux fois par mois, les correspondant·e·s de franceinfo, la RTBF, Radio-Canada, la RTS et RFI décryptent, à leur manière, les toutes dernières infos de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2024. Avec Sébastien Paour (franceinfo), Jordan Davis (RTS), Frederic Arnould (Radio-Canada), Sonia Dridi (RTBF) et Guillaume Naudin (RFI). Réalisation : Philippe Benoît (RTBF) et Régis De Rath (RTBF).

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