Vous en parlerez aujourd'hui. "Libérer l'Algérie", la chanson de la colère contre un cinquième mandat de Bouteflika
Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, une chanson contre un cinquième mandat pour le président sortant algérien, Abdelaziz Bouteflika.
Surgie sur les réseaux sociaux le vendredi 1er mars, une chanson se fait l'écho des protestations de la jeunesse algérienne. Dénonçant un pays sans avenir, elle rencontre un gros succès des deux côtés de la méditerranée. Une chanson en train de devenir virale des deux côtés de la Méditerranée. En Algérie et chez les expatriés algériens. Elle s’intitule Libérer l’Algérie, presque un slogan :
Si vous n’êtes pas au fait de la scène algérienne, les noms de Djam ou Amel Zen ou Idir Benaibouche ne vous diront pas grand-chose. Ils sont chanteurs, rappeurs, comédiens,et se mobilisent contre un cinquième mandat du président actuel Abdelaziz Bouteflika. Ce qui frappe dans cette vidéo, ce sont ces jeunes participants qui ne souhaitent pas être représentés par un homme qui pourtant leur parle : 82 ans, au gouvernement, ministre et président depuis 1962, très énergique, le regard non pas perdu mais concentré… vers une clinique suisse, c’est une réflexion internationale, les jeunes ont du mal à comprendre.
Chanson à la fois en arabe et en Français, Libérer l’Algérie n’est pas qu’un titre anti Bouteflika, non les paroles soulignent aussi un pays à bout de souffle, incapable d’oxygéner sa jeunesse. Des pancartes avec le mot "liberté", des menottes agitées face caméra, des mots contre la corruption, qui traduits sonnent ainsi : Nous sommes le peuple, vous [les politiques, les militaires] vous nous avez trimbalés / Vous nous avez humiliés / Nous, nous mourons en mer et vous, vous vous faîtes soigner à l'étranger.
Allusion directe aux jeunes Algériens et autres migrants qui fuient leur pays sur des barques crevées. Une chanson lente, aux paroles plus scandées que chantées et une révolte à visage découvert, une promotion qui n’est pas faite par les médias algériens mais via les réseaux sociaux. Et tout ça est un peu nouveau car en 2014, quand Abdelaziz Bouteflika décide de se présenter pour un quatrième mandat malgré des AVC à répétition, une chanson va venir soutenir son effort, elle s’intitule : Notre serment pour l’Algérie.
Moment très gênant de voir des artistes déclarer ainsi leur flamme au dirigeant algérien, tous unis par le même sourire devant la photo du président. Parmi eux, certains que l’on connaît bien comme Smaïn, Khaled, Kenza Farah. À l’époque grosse polémique, certains artistes expliquent être tombés dans un piège. Ils pensaient qu’il s’agissait d’une chanson humanitaire. Quand on voit Bouteflika, c’est vrai que c’est une question qui se pose : politique ou humanitaire ? D’un coup, on comprend mieux le succès d’une chanson comme Libérer l’Algérie.
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