Vous en parlerez aujourd'hui. "Hakuna Matata", quand Disney s’approprie l'Afrique
Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourdhui, quelle est l'origine de "Hakuna Matata" ?
Depuis 1994, le terme "Hakuna Matata" est associé au dessin animé sorti cette année-là des studios Disney, Le Roi Lion. Mais récemment, des intellectuels africains ont dénoncé la main-mise de la firme américaine sur la langue swahili où l'on retrouve cette expression. Disney et l'appropriation culturelle, une longue histoire.
"Hakuna Matata , cette formule bien-être lancé par Disney en 1994 se révèle plus puissante qu’un gourou new age et ses tisanes d’ortie. Vous la dites et tout le monde est content, la preuve :
Il suffit qu’on l’écoute et personne n’est gêné par le fait que ce soit un lion, un phacochère et un suricate qui chante ensemble, c’est normal, c’est "Hakuna matata". Mais au fait, d'où vient "Hakuna Matata" ? C’est bien le problème.
Il y a 24 ans, le monde tombe sous le charme du Roi Lion qui va devenir le plus gros succès d’un film animé de tous les temps. Et là, sans que personne ne fasse attention, Disney dépose le terme "Hakuna Matata", hors de question de laisser passer la manne financière de cette jolie expression sur les tasses, les bavoirs ou les pare-soleils. Oui c’est chic. Or, cette locution existe. Elle provient du kiswahili, langue la plus parlée d'Afrique de l'Est, utilisée en Tanzanie, Kenya, Ouganda et Congo par quelque 150 millions de locuteurs. "Hakuna Matata" signifie "Pas de problème". À l’approche d’un nouveau Roi Lion sur grand écran en 2019, de nombreux éditorialistes, notamment kényans, s’émeuvent de voir cette expression kidnappée par la marque américaine.
Dans une tribune, publié dans un journal économique kényan, plusieurs personnalités parlent de pillage de la culture africaine, une pétition réclame le retrait du copyright, bref tout ça n’est pas très "Hakuna Matata". En fait, c’est un peu comme si Disney faisait un film se déroulant en France et déposait l’expression "Salut vieille branche", bon ça serait pas mal parce qu’elle n’est pas terrible comme expression...
Ce reproche d’appropriation culturelle prend de l’ampleur vu le succès du Roi Lion mais Disney est assez coutumier du fait. La multinationale américaine s’approprie les mythes, les histoires, en fait une petite tambouille et en sort toujours une version américanisée. Polémique pour Vaiana, la légende du bout du monde où Disney transforme un dieu polynésien bodybuildé en divinité obèse pour le rendre plus sympathique. Peter pan, Pinocchio, Blanche Neige, mythes européens perdus dans l’histoire cinématographique d’outre-Atlantique et Pocahontas plus blanche. Bref , Disney aime la diversité à partir du moment où elle lui ressemble, le jour où la firme américaine fera un dessin animé sur les "gilets jaunes", ça nous fera tout drôle de voir cet habit vendu chez Disney Store.
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