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Vous en parlerez aujourd'hui. Charles Aznavour, un chanteur un brin coquin

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, parmi les chansons de Charles Aznavour, certaines ont été censurées.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Charles Aznavour au piano, en 1955. (UPI / AFP)

Depuis hier , les hommages pleuvent en souvenir de Charles Aznavour, et c’est bien normal puisque c’est le seul Commandeur de la Légion d’honneur qui a participé à un épisode du Muppet Show, grand respect.
Mais ne célébrerions-nous pas la mémoire d’un chanteur un brin coquin , un peu turlupin ? Ça, c’était le point de vue de la censure dans les années 50. Enfin de la censure, il n'y en avait pas en France. Mais il y avait le comité d’écoute de la RadioTélédiffusion française, l’ancêtre de Radio France.Trois titres d’Aznavour ont heurté les oreilles fragiles et prudes de ce comité qui, avec un gros tampon, validait les interdictions de diffusions. Nous sommes en 1955 et Aznavour sort Après l’amour. 

Une chanson sur un couple qui vient de faire l’amour, ça ne passe pas. Les cuisses fermes de monsieur Charles ne viendront pas perturber la bonne marche du pays. On est rassuré mais comme tout obsédé à la langue bien pendue, Charles Aznavour récidive avec Je veux te dire adieu. Une chanson sur la femme adultère et les coups de poignards dans le palpitant. Des mots dignes des plus grands pornographes : "Puisque un autre que moi peut arracher tes plaintes, Faisant jaillir de toi des râles et des mots, Je veux te dire adieu."

Est-ce qu’on a eu pire depuis ? Oui mais quand même. Et quand ces deux chansons sortent sur le même disque, c’est l’interdiction aux moins de 16 ans, pour un 45 tours ! Et Aznavour hérite d’un surnom de "catcheur" qui aurait pu l’amener à faire carrière dans un genre cinématographique bien précis. Ce surnom c’est le crucifié du traversin… Pourquoi s’arrêter là et un an plus tard en 1956, le cas Aznavour tombe de nouveau entre les mains moites et les pensées forcément pures et désintéressées du comité d’éthique avec ce titre:  Moi j’fais mon rond.

L’histoire d’un proxénète et d’une prostituée arpentant les trottoirs de Paname avec des rimes en argot parisien et pour la censure, pardon, le comité d’écoute de la Radiodiffusion-télévision française, ce n’est pas possible de passer ça à l’antenne. Ça sera la dernière fois qu’Aznavour connaîtra les affres de l’interdiction.

Aznavour est devenu ensuite le chanteur de tous et, un comble pour la censure, un ministre de l’Intérieur dit au président de la République, Emmanuel : Tu te laisses aller. La consécration.

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