C'était comment ? Erasmus, une manne contre le chômage
Erasmus a 30 ans. Le programme d’échange européen, destiné au départ aux étudiants, a bien évolué. A présent, il s’adresse aussi aux éleves du primaire et du secondaire, ou aux lycées professionnels. Célébration, ce lundi, au théâtre de l’Odéon, à Paris. Nathalie Bourrus y était.
C’était… Adieu L’auberge espagnole (très joli film de Cédric Klapisch). Bonjour la maison Pôle Emploi. Je ne veux pas être rabat-joie, mais le chômage des jeunes est passé par là.
"Moi, j’adorerais aller en Finlande !", me dit un étudiant en troisième année d’économie, venu de Grenoble.
Dans ma tête : moi aussi.
Lui : "Mais c’est cher".
Dans ma tête : je sais, c’est pour ça que j’y suis pas encore allée.
Moi (cette fois, pas dans ma tête) : "Tu vas percevoir une bourse, puis des aides de la région peut-être".
Lui : "Oui oui, je sais. Je table aussi sur une aide du ministère de l’Education nationale".
Moi : "Ah ben voilà ! La boucle est bouclée".
Lui, un peu dépité : "Ah non… J’aurais un loyer, et c’est cher en Finlande. En plus, je n’aurais sans doute pas tout cet argent d’un coup avant de partir. Souvent, on en a une partie plusieurs mois après notre retour".
Moi : "Ben je ne sais pas, va dans des pays de l’Est, c’est beaucoup moins cher".
"Oh non, l’avenir, c’est l’Europe du nord ! Y’a une façon de vivre différente… Et surtout, y’a du boulot !"
Erasmus, la boîte à job ! Le garçon, gentil au demeurant, ne me fait alors pas du tout, mais alors, pas du tout, penser au beau Romain Duris dans ce film de Klapisch sorti en 2002, qui se passe à Barcelone.
Avec ce héros, Xavier (Romain Duris) et cette bande de jeunes, essentiellement préoccupée par des histoires sentimentales. Un joli bazar amoureux filmé de façon très nature.
Mais là, on n’est pas à Barcelone, en coloc : on est au Théâtre de l’Odéon. La cérémonie démarre. Et là non plus, je ne retrouve pas, mais pas du tout, ce joyeux chaos du film.
Sur la scène du théâtre, on nous rappelle que l’Europe rame. Que la question des migrants est alarmante. Que les extrêmes gagnent du terrain. Que le chômage est endémique chez les jeunes. Bref : que le rêve européen est, pour le moment, derrière nous. Sur cette scène de théâtre, on tente de relancer l’utopie des grands échanges.
"En vivant à l’étranger, on sort de son confort, on se nourrit de l’autre, clame le directeur des lieux. L’Europe d’Erasmus doit être inclusive, démocratique." Puis : "Avec les petits efforts de chacun on peut fabriquer de grandes choses", ajoute cet homme de conviction.
Je me dis alors que, à défaut de trouver un grand job, on peut toujours fabriquer un grand projet. Par exemple : un bébé. Car, près de 30% des étudiants Erasmus auraient rencontré leur âme sœur pendant leur séjour à l’étranger. Et des tas de bébés seraient nés de ces belles unions européennes.
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