Pierre Rabhi : "Il faut vite abandonner le dogme de la croissance"

C'est un petit homme qui ne paye pas de mine, pieds nus dans
ses éternelles sandales de cuir mais dont la voix porte de plus en plus. Depuis
plus de 50 ans Pierre Rabhi s'est donné pour ambition de nous montrer par
l'exemple la voix d'une autre société.

La rupture familiale

Il nait en Algérie à la frontière du désert en 1938 dans une
famille pauvre. A la mort de sa mère, il a quatre ans, et son père décide de le
confier à un couple de français. Adolescent, Pierre décide d'abandonner l'islam
pour la religion catholique. Il se coupe ainsi définitivement de sa famille
d'origine.

Deuxième rupture, avec sa famille d'accueil cette fois, il
quitte l'Algérie pour la métropole où il devient  OS dans une usine. Univers dont il conserve
le souvenir d'un insupportable asservissement.

L'agriculture

Désormais féru de philosophie,
avec celle qui deviendra sa femme, il fait le choix d'un retour à la terre. Il devient paysan en Ardèche, pays rude. D'abord comme
ouvrier agricole avant de réussir à acquérir une ferme dont personne ne veut.

Il va tourner le dos à l'agriculture chimique. Initiateur de
ce que d'autres après lui appelleront le Bio, il part de sa petite exploitation
pour penser un nouveau monde. Dans le mouvement déclenché par mai 68, il reçoit
dans sa ferme de nombreux stagiaire. Son aura se propage, il commence à être
invité à parler de ce qu'il fait et va pousser ses expériences jusqu'en
Afrique.

Il fonde l'association Terre et Humanisme, en 1997, l'ONU
reconnaît Pierre Rabhi expert en sécurité et salubrité alimentaire.

La politique

En 2002, poussé par quelques amis, il envisage se présenter
à l'élection présidentielle. Malgré un manque de structure il parviendra à
recueillir 200 signatures sur son nom. Pierre Rabhi  aura le temps de structurer un projet autour
des thèmes de la décroissance, le produire et consommer localement et placer le
féminin au cœur du changement.