Emilie de Turckheim : "Les prisons ne servent à rien"
Au départ, Emilie de Turckheim ne savait pas que les
visiteuses de prison existaient. "Ce qui m'a motivé, c'est simplement la vision
que j'avais de la prison. J'avais la sensation que la prison était incompatible
avec notre valeur de liberté dans la société ", explique Emilie de
Turckheim. "C'était une curiosité sur la question philosophique et
juridique de ce que l'on entend par priver un homme de sa liberté. "
Les visiteurs de prison sont des bénévoles qui se rendent
dans des parloirs, les mêmes que pour les avocats, et qui se retrouvent en tête
à tête avec un détenu. Les visiteurs ne sont jamais au courant des raisons de
la condamnation. Pourtant, "ils ne nous parlent pratiquement que de cela.
Mais on peut parler de tout. J'adore parler des questions théologiques, des
enfants... Des relations se tissent de façon profonde car on suit ces
personnes sur le long terme. Il y a un lien de responsabilité et de tendresse. "
Fermer les prisons
Emilie de Turckheim estime que les prisons ne servent à rien. "Les gens arrivent en prison et c'est l'école de la délinquance. De
nombreux de détenus m'ont expliqué comment on ouvre un voiture, un coffre... ils apprennent
tous les petits trucs de délinquance et rencontrent les gens avec lesquels ils
organisent leurs affaires pour leur sortie. C'est encore plus en dehors du
droit que la vie menée avant d'entrer en prison. "
Si la prison est légitime, le problème vient du fait que "la
violence psychologique et physique que l'on subit en prison ne peut pas être un
soulagement pour la société. Que l'on mette quelqu'un à l'abri pour ne pas
qu'il ne nuise plus à la société, cela peut être légitime, mais le fait qu'on l'humilie
cela ne grandit personne. "
Emilie de Turckheim publie Une Sainte , aux éditions
Héloïse d'Ormesson.
Un témoignage très fort mais aussi ses réflexions sur les
notions d'enfermement, sur son utilité et sa justification pour la société.
Le premier chapitre d'Une Sainte
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