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Xi Jinping en Grèce, cheval de Troie des investissements chinois en Europe

Le président chinois Xi Jinping est arrivé à Athènes dimanche 10 novembre au soir pour une visite d'un peu plus de 48 heures. Vu d’ici, cette visite passe assez inaperçue, elle est pourtant très révélatrice de la stratégie chinoise en Europe.

Article rédigé par franceinfo
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Xi Jinping sur le port du Pirée à Athènes. (LI XUEREN / XINHUA)

La Chine est en train de devenir le grand partenaire de la Grèce. Début novembre, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis était à Shanghai. Et maintenant c’est donc le match retour. Athènes a mis les petits plats dans les grands : déjeuner des dirigeants face à l’Acropole, drapeaux chinois dans les rues, et surtout déambulation dans le port du Pirée. Ça ne doit rien au hasard : puisque le grand armateur chinois Cosco a profité de la crise financière grecque, il y a quelques années, pour décrocher la gestion du port de commerce jusqu’en 2052, avant de racheter ensuite la partie touristique du port. Coût total : 1 milliard d’euros. Pékin veut faire du Pirée sa grande porte d’entrée commerciale en Europe, un sas entre l’Asie et l’Europe, dans le cadre de son gigantesque projet des "Nouvelles routes de la soie". Mais les investissements chinois vont bien au-delà du Pirée : 16 accords commerciaux doivent être signés pendant cette visite de Xi Jinping en Grèce. Ces partenariats concernent de nombreux secteurs : la banque, les transports, les énergies renouvelables, le réseau électrique, l’éducation, les télécommunications, l’immobilier.  

Un sentiment pro-Chinois

Et tout ça est plutôt bien perçu par les Grecs parce que les Chinois ont été les seuls à accepter de mettre de l’argent dans le pays quand il était au fond du gouffre. Ca a créé 3000 emplois sur le port du Pirée, les touristes chinois sont de plus en plus nombreux en Grèce (200.000 cette année), et les armateurs grecs construisent des bateaux en Chine. Du coup, selon une enquête de l’institut Pew Center, 50% des Grecs ont une opinion favorable de la Chine. Et le gouvernement grec tend de plus en plus à défendre les positions de Pékin devant l’ONU, y compris sur le sujet pourtant sensible des droits de l’homme.  

Le Portugal autre cible prioritaire

La Grèce, c’est le symbole le plus connu, mais les investissements chinois en Europe ne se limitent pas à la Grèce: il y en a dans tous les pays européens. On peut citer quelques-uns en particulier: la République Tchèque, la Croatie, la Serbie (avec notamment des constructions d’autoroutes). Et plus encore le Portugal où le processus a été le même qu’en Grèce : quand le pays était en difficulté financière, seuls les Chinois ont accepté de mettre de l’argent. Pékin a investi plus de 6 milliards d’euros au Portugal, en particulier dans le réseau électrique, dans les banques et dans les assurances. En conséquence la Chine détient indirectement une partie du transport aérien et du secteur hospitalier. Les investissements ont un peu baissé avec le ralentissement de la croissance chinoise. Mais ils ne vont certainement pas s’arrêter. Le Portugal et la Grèce sont donc vraiment aujourd’hui les chevaux de Troie de la Chine en Europe.

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