Venezuela : une panne d'électricité généralisée est dénoncée par Maduro comme un "sabotage" de l'opposition

Manifestations, arrestations massives, un mois après la réélection contestée de Nicolas Maduro, le Venezuela continue de plonger dans le chaos. Après une coupure généralisée d'électricité survenue vendredi matin, le pouvoir dénonce une "tentative de coup d'État".
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Panne d'électricité à Maracaibo, à l'ouest du Venezuela, le 30 août 2024. (HENRY CHIRINOS / MAXPPP)

Au Venezuela, dans un pays en plein chaos depuis la réélection contestée de Nicolas Maduro fin juillet 2024, les habitants se sont retrouvés paralysés par une coupure d'électricité généralisée, vendredi 30 août en fin de matinée. Dès 5h du matin, la capitale, Caracas, a été touchée comme l'ensemble des 24 États du pays, qui ont signalé une perte totale ou partielle de l'approvisionnement en électricité. Le pouvoir dénonce un "sabotage", parlant même de "tentative de coup d'État".

Cet épisode de black-out rappelle douloureusement un épisode survenu en 2019, quelques mois après la présidentielle où la victoire de Maduro avait déjà été contestée, le pays avait connu une coupure de courant généralisée pendant cinq jours.

L'opposition réprimée et continuellement visée

Dans une interview à la télévision, le ministre de l'Intérieur évoque une "attaque terroriste" et pointe une stratégie classique de l'opposition, dont les principaux leaders vivent dans la clandestinité depuis les résultats de la présidentielle du 28 juillet, résultats confirmés par la Cour suprême la semaine dernière, alors que le Conseil national électoral n'a pas divulgué les procès-verbaux des bureaux de vote.

Depuis, le pouvoir accentue la pression et la répression. En un mois, celle-ci a déjà fait 27 morts et près de 200 blessés, avec plus de 2 400 personnes arrêtées. Cette semaine encore, un célèbre avocat, proche de l’opposition portée par Maria Corina Machado a été emprisonné et toutes les voix critiques sont muselées.

Diosdado Caballo, figure bien connue du régime et nommé ministre de l'Intérieur et de la Justice il y a deux jours, est un parfait symbole de cette dérive. Compagnon d'armes d'Hugo Chavez, c'est un personnage sulfureux qui tient régulièrement des propos menaçants sur les opposants au régime. Il le fait chaque mercredi dans son émission télévision et radio "Con el Mazo Dando" ("Avec une grosse masse") où il déploie sa gouaille chaque semaine pour rendre hommage au professionnalisme des forces de sécurité et distiller régulièrement ses menaces. Un rapport d'Amnesty International avait d'ailleurs pointé en 2022 un lien entre la stigmatisation qu'il opère en direct et les arrestations qui suivent en général quelques jours ou quelques semaines plus tard.

Le candidat de l'opposition dans le viseur du procureur

Malgré cette répression sévère, l'opposition ne veut pas céder. Lors d'un quatrième défilé, mercredi, la cheffe de file Maria Corina Machado, qui vit désormais dans la clandestinité, était présente, clamant "ne pas avoir peur" et jurant à ses partisans qu'ils vont "faire céder Maduro". Mais ce vendredi 30 août, c'est le candidat de l'opposition à la présidentielle, Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a été à nouveau convoqué par le parquet. Les autorités ont menacé de lancer un mandat d'arrêt à son encontre s'il ne se présentait pas à cette troisième convocation, alors qu'il n'est plus apparu en public depuis le 30 juillet.

Le candidat est déjà visé par près d'une dizaine d'accusations de délits par le bureau du procureur et régulièrement attaqué ou insulté par Maduro. Pendant ce temps, la population continue de fuir le pays. Plus de 7,5 millions de Vénézuéliens ont fui vers les États voisins depuis 2015, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, c'est plus de 20% de la population.

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