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Une femme d'origine française élue présidente de la République en Géorgie

Salomé Zourabichvili a été élue avec près de 60% des voix. 

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Salome Zurabishvili, le 9 novembre 2018. (VANO SHLAMOV / AFP)

Elle s'appelle Salomé Zourabichvili, elle a 66 ans et depuis mercredi 28 novembre elle est officiellement aux manettes de cette ancienne république soviétique adossée aux montagnes du Caucase, élue avec près de 60% des voix. Fille de Géorgiens réfugiés à Paris au début des années 20, elle a toutefois dû renoncer à sa nationalité française quelques mois avant le scrutin. Salomé Zourabichvili, qui est aussi la cousine d'Hélène Carrère d'Encausse, est d'abord une diplomate : après des études à Sciences Po, trente ans de carrière au Quai d'Orsay la conduisent à Rome, à Washington, au Tchad. Et en 2003 à Tbilissi, où elle est nommée ambassadrice de France.

15 ans de carrière mouvementés

Et c'est là que commence le chapitre le plus romanesque de son histoire. Quelques mois après son installation, le tout nouveau président, le réformateur Saakachvili, lui demande de devenir ministre des Affaires étrangères. Saakachvili sollicite officiellement l'autorisation du président d'alors, Jacques Chirac. Le transfert fait quelque peu grincer des dents au Quai d'Orsay mais cette année-là, Salomé Zourabichvili entre officiellement en politique. Ses 15 ans de carrière sont mouvementés : la collaboration avec Saakachvili se passe mal, l'ex-diplomate bascule très vite dans l'opposition et subit toute une série de revers électoraux, avant que l'actuelle majorité ne lui offre son premier poste de députée.

Irrégularités dans l'organisation du scrutin

C’est d’ailleurs avec l’étiquette du parti majoritaire qu’elle s’est présentée, "Rêve Géorgien", un parti fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, le dirigeant de l'ombre, celui qui tire les ficelles. Les observateurs occidentaux ont d'ailleurs relevé dans l'organisation du scrutin de nombreuses irrégularités comme "l'utilisation abusive" des ressources de l'État en faveur de sa protégée. La fonction de président a beau être honorifique, cette élection est en effet un test important pour le parti au pouvoir avant les prochaines élections législatives. Dans cette ancienne république soviétique, la campagne électorale a été extrêmement tendue. Les opposants de Zourabichvili l'ont qualifiée de traître, de politicienne arrogante coupée du peuple, quand son propre camp, lui, utilisait le mot de "nazis" pour décrire ses opposants.

Sa priotité, rapprocher la Géorgie de l'UE et l'OTAN

Son rival conteste aujourd’hui son élection et appelle à des manifestations massives ce dimanche dans le pays. Sa priorité ? Rapprocher son pays de l'Union européenne et de l’OTAN. Elle a d'ailleurs indiqué que ses premiers déplacements en tant que présidente se feraient en Europe, notamment à Bruxelles, Berlin ou Paris. Mais elle devra surtout gérer des relations tendues avec Moscou : la Géorgie garde en effet un souvenir cuisant de sa guerre-éclair de 2008 contre le grand voisin russe. La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a d’ailleurs adressé "ses plus sincères félicitations" à Salomé Zourabichvili, indiquant que celle-ci "pourra compter sur notre détermination à continuer à agir en faveur de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues". Salomé Zarabichvili estime qu’en 2008 son pays a commis l'erreur de répondre à une "provocation" de la part des Russes. "Quand on est un petit pays, dit-elle, il faut être plus intelligent que son ennemi". Une phrase que Vladimir Poutine n'a pas oubliée.

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